Pretoria, 19 août 2017 (AFP)

La première dame du Zimbabwe, Grace Mugabe, qui a requis l’immunité diplomatique pour échapper à des poursuites en Afrique du Sud dans une affaire d’agression, ne s’est pas présentée à un sommet régional samedi à Pretoria où elle était pourtant attendue.
Plusieurs épouses de dirigeants ont assisté à l’ouverture du sommet des chefs d’Etat de la Communauté de développement économique d’Afrique australe (SADC). Des fauteuils leur étaient réservés au pied de l’estrade où se sont exprimés des présidents.
Mais Grace Mugabe n’y a pas participé, tandis que son mari Robert Mugabe siégeait, les yeux souvent fermés, parmi les huit dirigeants des 15 pays de la SADC qui avaient fait le déplacement, a constaté une journaliste de l’AFP.
La très influente épouse du président Mugabe n’a pas été vue en public, ni en Afrique du Sud ni au Zimbabwe, depuis qu’elle est soupçonnée de s’en être violemment prise à une jeune mannequin, le 13 août, dans un hôtel de Johannesburg. La top model, Gabriella Engels, a déposé plainte pour coups et blessures.
La police sud-africaine, en « alerte rouge » pour éviter que la première dame ne quitte le pays, avait initialement indiqué que Grace Mugabe était attendue au sommet, qui se tient samedi et dimanche à Pretoria.
Mais ni le ministère sud-africain des Affaires étrangères ni la police n’était en mesure d’indiquer où elle se trouvait samedi. La délégation zimbabwéenne est, elle, restée muette sur ce sujet ultra sensible.
« Grace disgrâce », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par quelques manifestants devant le ministère des Affaires étrangères.
« L’enquête policière est terminée. Nous attendons désormais de savoir si la demande d’immunité diplomatique (de Grace Mugabe) a été accordée ou non », a déclaré samedi à l’AFP un porte-parole de la police, Vishnu Naidoo.
Les autorités sud-africaines « étudient toujours » la requête, a précisé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Pretoria, Nelson Kgwete.
– Vols annulés –
Cette affaire représente un casse-tête pour le gouvernement sud-africain, qui entretient des liens politiques et économiques étroits avec son voisin zimbabwéen.
Les avocats de Gabriella Engels ont d’ores et déjà prévenu qu’ils envisageraient de saisir la justice, dans le cadre d’une procédure d’urgence, si jamais l’immunité diplomatique était accordée à la première dame.
Parallèlement à cette affaire, la compagnie aérienne sud-africaine SAA a annulé tous ses vols samedi entre le Zimbabwe et l’Afrique du Sud à la suite d’une dispute avec les autorités d’Harare liée à des autorisations de vol.
La veille, un avion d’Air Zimbabwe n’avait pas pu décoller de l’aéroport international de Johannesburg pour les mêmes raisons.
Samedi soir, le ministère sud-africain des Transports a finalement annoncé que les deux compagnies avaient fourni les documents requis, laissant présager une sortie de crise.
Il n’était pas possible dans l’immédiat de faire un lien éventuel entre cette dispute entre compagnies aériennes et les déboires de Grace Mugabe. Le groupe audiovisuel public zimbabwéen ZBC a cependant affirmé que les tensions entre Air Zimbabwe et SAA étaient « liées à un problème administratif et non à un problème politique ».
Harare n’a fait jusqu’à présent aucun commentaire sur le mini scandale visant la première dame, mais Robert Mugabe est arrivé dès mercredi en Afrique du Sud, soit trois jours avant le début du sommet. Mardi, son épouse devait se présenter au commissariat à Johannesburg, avant finalement d’y renoncer.
Cette affaire entache un peu plus l’image déjà très controversée de Grace Mugabe, présidente de la Ligue des femmes du parti au pouvoir, la Zanu-PF, et pressentie pour éventuellement succéder à son mari, âgé de 93 ans.
Mariée au président zimbabwéen depuis 1996, elle est régulièrement épinglée pour son goût du luxe – qui lui vaut le surnom de « Gucci Grace » – mais aussi pour ses coups de colère.
En 2009, un photographe britannique l’avait accusée de l’avoir frappé à plusieurs reprises au visage à Hong Kong. Elle avait pu rentrer au Zimbabwe sans être inquiétée par la justice.