Luanda, 24 sept 2017 (AFP)
Pendant sa campagne, il a promis à longueur de discours de « corriger ce qui ne va pas ». La tâche s’annonce délicate pour le nouveau président angolais Joao Lourenço, qui hérite d’un pays en crise toujours sous le contrôle de son prédécesseur.
A 63 ans, l’ex-ministre de la Défense va succéder mardi à la tête du pays à Jose Eduardo dos Santos, qui quitte le pouvoir après un règne sans partage de trente-huit ans.
Son parti, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), solidement installé au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1975, a remporté haut-la-main les élections générales du 23 août avec 61% des suffrages.
Ce score sans appel offre à M. Lourenço une majorité absolue de 150 des 220 sièges de députés au Parlement. Et lui laisse les mains libres pour, comme il l’a annoncé, « transformer l’Angola d’un point de vue économique et social ». Théoriquement.
– Redresser l’économie –
Depuis trois ans, l’Angola traverse une crise sans précédent. La chute durable des cours de l’or noir, qui lui fournit 70% de ses recettes fiscales et la quasi-totalité de ses entrées en devises, a fait virer au rouge vif tous les clignotants de l’économie.
Après plusieurs années de taux « chinois », la croissance du pays est restée étale en 2016 et ne devrait pas dépasser 1,3% cette année, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI).
Déficits publics hors de contrôle, devise nationale en chute libre, manque inquiétant de liquidités, inflation galopante et chômage de masse complètent le tableau d’un pays dont plus de la moitié de la population vit avec moins de 2 dollars par jour (ONU).
Ouverture et diversification constituent les deux priorités annoncées par M. Lourenço, qui veut entrer dans l’histoire de son pays comme « l’homme du miracle économique ».
« De vastes segments de l’économie ont été délibérément fermés aux investissements étrangers », a souligné l’économiste Antonio Lopes Pinto. « Entrée en bourse et privatisations seraient les moyens les plus faciles d’attirer les capitaux à long terme nécessaires pour stimuler l’économie ».
– Combattre la corruption –
Mais beaucoup prédisent déjà l’échec de ces réformes.
« Nous avons un potentiel (mais) nous avons surtout besoin de bonne gouvernance », juge le patron du mensuel économique Expensao, Carlos Rosado de Carvalho, pour qui « la corruption en Angola est endémique, du portier au PDG ».
A en croire leurs adversaires, le président dos Santos, sa famille et les plus hauts hiérarques du MPLA arrivent largement en tête du palmarès des prédateurs de l’Angola, accusés d’avoir mis le pays et ses ressources en coupe réglée.
Symbole du népotisme dénoncé par l’opposition, sa milliardaire de fille, Isabel dos Santos, à qui il a confié l’an dernier la tête de la compagnie pétrolière nationale, la Sonangol.
Joao Lourenço a promis de lutter contre la corruption à tous les niveaux. « Personne ne sera au-dessus des lois », a-t-il proclamé devant la presse étrangère. Mais beaucoup doutent qu’il ose s’en prendre directement aux intérêts de son prédécesseur.
« Le clan du président sortant ne semble pas avoir peur », assure le rappeur Luaty Beirao, pourfendeur du régime. « Ils ont eu suffisamment de temps pour se préparer à la nouvelle ère (…) ils savent qu’ils ont le contrôle de la situation ».
– Rompre avec le système dos Santos –
D’autant qu’avant de quitter la présidence, le « camarade numéro 1 », comme il est désigné au MPLA, a pris soin de verrouiller le pays.
Grâce à une série de lois adoptées juste avant les élections, M. dos Santos a organisé son impunité judiciaire et gelé pour plusieurs années toute la hiérarchie de l’appareil sécuritaire, composée d’hommes qui lui doivent tout.
Et surtout, il va conserver la présidence du MPLA dont, dans la plus pure tradition marxiste-léniniste, le bureau politique reste le principal organe de décision du pays.
A la veille du scrutin, Joao Lourenço a voulu publiquement s’affranchir de toute forme de tutelle. « J’aurai tout le pouvoir. Ce pays n’aura pas deux présidents », a-t-il assuré.
A vérifier, préviennent les fins connaisseurs du régime.
« La composition de son premier gouvernement permettra de juger de son autorité. Il ne faut pas s’attendre à un coup de balais mais il y aura des changements, notamment aux Finances », prédit Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House.
« Mais la seule façon pour lui de renforcer son contrôle sur le pays, c’est de prendre la présidence du MPLA », insiste M. Vines.
Joao Lourenço devra se montrer patient car Jose Eduardo dos Santos, 75 ans, doit conserver les rênes du parti jusqu’en 2022, si, bien sûr, sa santé le lui permet.
A 63 ans, l’ex-ministre de la Défense va succéder mardi à la tête du pays à Jose Eduardo dos Santos, qui quitte le pouvoir après un règne sans partage de trente-huit ans.
Son parti, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), solidement installé au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1975, a remporté haut-la-main les élections générales du 23 août avec 61% des suffrages.
Ce score sans appel offre à M. Lourenço une majorité absolue de 150 des 220 sièges de députés au Parlement. Et lui laisse les mains libres pour, comme il l’a annoncé, « transformer l’Angola d’un point de vue économique et social ». Théoriquement.
– Redresser l’économie –
Depuis trois ans, l’Angola traverse une crise sans précédent. La chute durable des cours de l’or noir, qui lui fournit 70% de ses recettes fiscales et la quasi-totalité de ses entrées en devises, a fait virer au rouge vif tous les clignotants de l’économie.
Après plusieurs années de taux « chinois », la croissance du pays est restée étale en 2016 et ne devrait pas dépasser 1,3% cette année, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI).
Déficits publics hors de contrôle, devise nationale en chute libre, manque inquiétant de liquidités, inflation galopante et chômage de masse complètent le tableau d’un pays dont plus de la moitié de la population vit avec moins de 2 dollars par jour (ONU).
Ouverture et diversification constituent les deux priorités annoncées par M. Lourenço, qui veut entrer dans l’histoire de son pays comme « l’homme du miracle économique ».
« De vastes segments de l’économie ont été délibérément fermés aux investissements étrangers », a souligné l’économiste Antonio Lopes Pinto. « Entrée en bourse et privatisations seraient les moyens les plus faciles d’attirer les capitaux à long terme nécessaires pour stimuler l’économie ».
– Combattre la corruption –
Mais beaucoup prédisent déjà l’échec de ces réformes.
« Nous avons un potentiel (mais) nous avons surtout besoin de bonne gouvernance », juge le patron du mensuel économique Expensao, Carlos Rosado de Carvalho, pour qui « la corruption en Angola est endémique, du portier au PDG ».
A en croire leurs adversaires, le président dos Santos, sa famille et les plus hauts hiérarques du MPLA arrivent largement en tête du palmarès des prédateurs de l’Angola, accusés d’avoir mis le pays et ses ressources en coupe réglée.
Symbole du népotisme dénoncé par l’opposition, sa milliardaire de fille, Isabel dos Santos, à qui il a confié l’an dernier la tête de la compagnie pétrolière nationale, la Sonangol.
Joao Lourenço a promis de lutter contre la corruption à tous les niveaux. « Personne ne sera au-dessus des lois », a-t-il proclamé devant la presse étrangère. Mais beaucoup doutent qu’il ose s’en prendre directement aux intérêts de son prédécesseur.
« Le clan du président sortant ne semble pas avoir peur », assure le rappeur Luaty Beirao, pourfendeur du régime. « Ils ont eu suffisamment de temps pour se préparer à la nouvelle ère (…) ils savent qu’ils ont le contrôle de la situation ».
– Rompre avec le système dos Santos –
D’autant qu’avant de quitter la présidence, le « camarade numéro 1 », comme il est désigné au MPLA, a pris soin de verrouiller le pays.
Grâce à une série de lois adoptées juste avant les élections, M. dos Santos a organisé son impunité judiciaire et gelé pour plusieurs années toute la hiérarchie de l’appareil sécuritaire, composée d’hommes qui lui doivent tout.
Et surtout, il va conserver la présidence du MPLA dont, dans la plus pure tradition marxiste-léniniste, le bureau politique reste le principal organe de décision du pays.
A la veille du scrutin, Joao Lourenço a voulu publiquement s’affranchir de toute forme de tutelle. « J’aurai tout le pouvoir. Ce pays n’aura pas deux présidents », a-t-il assuré.
A vérifier, préviennent les fins connaisseurs du régime.
« La composition de son premier gouvernement permettra de juger de son autorité. Il ne faut pas s’attendre à un coup de balais mais il y aura des changements, notamment aux Finances », prédit Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House.
« Mais la seule façon pour lui de renforcer son contrôle sur le pays, c’est de prendre la présidence du MPLA », insiste M. Vines.
Joao Lourenço devra se montrer patient car Jose Eduardo dos Santos, 75 ans, doit conserver les rênes du parti jusqu’en 2022, si, bien sûr, sa santé le lui permet.