Banjul (Gambie), 18 mai 2017 (AFP)

Deux Gambiens en fuite ont été inculpés jeudi pour l’assassinat, en 2004 à Banjul, du journaliste Deyda Hydara, les premières mises en examen dans ce dossier qui ont été assorties d’un mandat d’arrêt à leur encontre, selon des sources judiciaires.
Deyda Hydara, journaliste critique envers le régime de Yahya Jammeh, alors au pouvoir, a été tué par balle le 16 décembre 2004 à Banjul. Cofondateur du journal privé gambien The Point, il était aussi correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) et de Reporters sans frontières (RSF) en Gambie.
M. Jammeh, dont le régime est accusé de nombreuses violations de droits de l’Homme par des Gambiens et des ONG notamment, est parti en exil fin janvier, après plus de 22 ans à la tête du pays et après avoir contesté pendant six semaines sa défaite à la présidentielle de décembre face à Adama Barrow, aujourd’hui au pouvoir.
Les procureurs de la police ont inculpé jeudi Kawsu Camara, un ancien colonel de l’armée, et Sanna Manjang, déserteur de l’armée, de « meurtre et complot pour commettre un meurtre » dans l’enquête sur l’assassinat de Deyda Hydara, a affirmé une source judiciaire.
Les deux hommes, en fuite, sont réputés en Gambie avoir été membres des « Jungulars » (ou « Junglers »), considérés comme les escadrons de la mort du régime de Yahya Jammeh. C’est la première fois qu’un lien est officiellement établi entre les suspects et l’assassinat de Deyda Hydara, selon des connaisseurs du dossier.
Après leur inculpation, selon la même source judiciaire, la police a sollicité un tribunal gambien pour un mandat d’arrêt à leur encontre.
La juge « Isatou Janneh a accepté d’émettre le mandat d’arrêt contre les deux hommes », mandat que les autorités « présenteront à Interpol ou au pays où ils se cachent, afin qu’ils soient extradés vers la Gambie », a-t-elle expliqué.
D’après un membre du personnel judiciaire, Sanna Manjang a quitté la Gambie pour la Guinée-Bissau le jour où Yahya Jammeh est parti en exil.
Kawsu Camara, lui, a fui la Gambie pour le Sénégal voisin en 2015, après avoir été libéré de prison à la faveur d’une grâce présidentielle.
Il avait été arrêté pour un coup d’Etat manqué en 2009 en même temps qu’un ancien chef de l’armée, Lang Tombong Tamba et d’autres militaires, jugé et condamné à mort en 2010 par la Haute Cour de Banjul. Sa peine avait ensuite été commuée en prison à perpétuité avant sa libération sur grâce présidentielle.