Bissau, 24 sept 2017 (AFP)

Les deux camps rivaux de la crise politique en Guinée-Bissau, qui oppose le président José Mario Vaz au parti au pouvoir, ont célébré séparément dimanche le 44e anniversaire de l’indépendance du pays, a rapporté un correspondant de l’AFP.
M. Vaz a prononcé un discours centré sur la crise politique, lors d’une cérémonie à Gabù, à 200 km de la capitale, boudée par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir), qui a organisé sa propre cérémonie à 40 km de là.
La Guinée-Bissau, petit Etat d’Afrique de l’Ouest, traverse des turbulences politiques depuis la destitution en août 2015 par le président Vaz de son Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, chef du PAIGC, auquel tous deux appartiennent.
Le chef de l’Etat a rejeté sur la direction du PAIGC la non-application de l’accord conclu à conakry le 14 octobre 2016 sous l’égide du président guinéen Alpha Condé, dans le cadre d’une médiation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao).
Cet accord prévoit une « procédure consensuelle » pour choisir un Premier ministre « ayant la confiance du président » devant rester en place jusqu’aux élections législatives de 2018.
« Un gouvernement a même été proposé selon l’esprit des accords de Conakry, mais une partie a refusé d’y entrer », a affirmé M. Vaz, en référence au PAIGC, auquel il a reproché de bloquer toute réunion de l’Assemblée nationale.
« La solution à cette crise n’est pas entre les mains de la communauté internationale, mais dans les mains des Bissau-Guinéens eux-mêmes », a-t-il dit, estimant que l’accord de Conakry faisait l’objet d’une « campagne de désinformation » auprès de certains partenaires du pays.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé le 13 septembre aux protagonistes de la crise de « lancer un véritable dialogue », notamment sur une révision de la Constitution.
De leur côté, sept partis politiques, dont le PAIGC, ont appelé samedi à « lancer un processus de désobéissance civile et des manifestations de rue » sans indication de date. Le chef du PAIGC a accusé le président Vaz de n’avoir « aucune intention d’appliquer l’accord de Conakry ».
En vertu de la Constitution, le choix du Premier ministre revient au parti majoritaire.
Or, le PAIGC ayant perdu la majorité absolue de 57 sièges sur 102 à la suite de la fronde de 15 députés, M. Vaz veut s’appuyer sur une majorité alternative, constituée des 41 députés du Parti de la rénovation sociale (PRS), deuxième formation parlementaire, et de 15 frondeurs.