Ouagadougou, 10 avr 2017 (AFP)

L’ex-président burkinabè Blaise Compaoré, qui vit en exil en Côte d’Ivoire, et les ministres de son dernier gouvernement seront jugés le 27 avril pour leur implication présumée dans la répression de l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui avait conduit à la chute du régime, a annoncé lundi la Haute Cour de justice.
« La Haute Cour de Justice va statuer sur le dossier de l’insurrection populaire, le jeudi 27 avril (…) dans la salle d’audience du Tribunal de grande instance de Ouagadougou », précise un communiqué du Parquet général transmis à l’AFP.
Les membres du dernier gouvernement du Premier ministre Beyon Luc Adolphe Tiao, y compris l’ancien président Blaise Compaoré qui était aussi ministre de la Défense, sont poursuivis pour « complicité d’homicide volontaire » et « coups et blessures volontaires ».
La justice reproche aux ministres « leur participation au Conseil extraordinaire des ministres du 29 octobre 2014 au cours duquel ils ont décidé de (faire appel à) l’armée pour réprimer les manifestants » contre la modification de la constitution.
« Au cours de ce Conseil des ministres, il a été décidé de prendre une réquisition complémentaire spéciale faisant appel à l’armée pour maintenir l’ordre avec usage d’armes à feu », avait expliqué le parquet en février.
Parmi les trente-quatre membres du dernier gouvernement, deux anciens ministres — Clothilde Ky (déléguée au Budget) et Yacouba Ouédraogo (Sport) –, qui n’avaient pas participé à ce Conseil des ministres, ont bénéficié de non-lieu.
Les autres ministres ont été inculpés mais bénéficient de liberté provisoire avec interdiction de quitter le pays. Tous risquent la peine de mort.
Au total, 33 personnes ont été tuées lors de ces manifestations, selon des sources officielles. Toutefois, le gouvernement déchu de Compaoré est poursuivi pour complicité présumée d’assassinat de « sept manifestants » à Ouagadougou et pour « 82 » personnes blessées.
Après 27 ans au pouvoir, Blaise Compaoré avait tenté de modifier la Constitution en 2013 pour briguer un cinquième mandat. Cette tentative avait marqué le début du soulèvement populaire, fatal à son régime.