Yaoundé, 20 avr 2017 (AFP)

Le tribunal militaire de Yaoundé a reporté au 24 avril le verdict du procès contre le journaliste de RFI Ahmed Abba, qui risque la peine de mort pour « complicité » de terrorisme, a annoncé son principal avocat joint par l’AFP.
« Le verdict a été reporté au lundi 24 avril (…) alors que les juges avaient jusqu’à ce jeudi, dernier délai pour prendre leur décision », a précisé à l’AFP l’avocat Me Charles Tchoungang, qui s’est déclaré « surpris » par ce report qui « s’inscrit hors de la loi ».
Correspondant de Radio France Internationale (RFI) en langue haoussa dans le nord du Cameroun cible des attentats de Boko Haram, Ahmed Abba est poursuivi pour « non-dénonciation d’actes de terrorisme, apologie et blanchiment d’actes de terrorisme ».
Le 6 avril, le parquet du tribunal militaire avait requis la peine de mort contre M. Abba. Les avocats du journaliste ont demandé son acquittement. Le journaliste et RFI plaident son innocence.
Ahmed Abba « a été reconnu non coupable d’apologie du terrorisme », a indiqué RFI dans un communiqué publié sur son site jeudi.
« En revanche, contre toute attente, la Cour l’a reconnu coupable de +blanchiment de produits du terrorisme+ et +non-dénonciation d’actes terroristes+. Le commissaire du gouvernement, s’appuyant sur certains éléments factuellement erronés, a requis la prison à vie », ajoute le communiqué de la radio publique française, très implantée en Afrique, qui confirme que « le verdict a été reporté au lundi 24 avril ».
« La direction de RFI est plus que jamais persuadée de l’innocence d’Ahmed Abba. Elle espère vivement que le verdict final permettra lundi sa remise en liberté après 632 jours de détention », conclut le communiqué.
Ahmed Abba avait été arrêté fin juillet 2015 à Maroua, dans l’extrême-nord du Cameroun avant d’être transféré à Yaoundé où il est depuis détenu.
« C’est la tactique depuis le début des autorités camerounaises: repousser une audience de jour en jour et garder un journaliste derrière les barreaux », a déclaré à l’AFP Cléa Kahn-Sriber, responsable Afrique chez Reporters sans frontières (RSF).
RSF a également rappelé qu’un autre journaliste, Louis Nedjo, accusé de « diffamation » est actuellement détenu au Cameroun et que plusieurs autres journalistes des zones anglophones du pays ont été arrêtés.
Fin juin 2014, une loi antiterroriste très controversée est entrée en vigueur au Cameroun, prévoyant notamment la peine de mort pour les personnes reconnues coupables d’actes de terrorisme ou de complicité.
Depuis, des dizaines de personnes ont été condamnées à la peine capitale pour terrorisme.
Le code pénal camerounais prévoyait déjà cette peine pour les coupables de meurtres et d’assassinats, mais aucune exécution n’a eu lieu depuis le milieu des années 1980.