Bangui, 19 août 2017 (AFP)

De nouveaux affrontements ont éclaté cette semaine en Centrafrique, a appris samedi l’AFP de sources concordantes qui parlent d’une trentaine de morts.
Un assaut sur Zémio, sur la frontière avec la République démocratique du Congo, a tué « plus d’une dizaine de personnes », a déclaré à l’AFP le curé de la ville, l’abbé Jean-Alain Zembi.
« Des Janjawids (milice du Darfour au Soudan) et des peuls armés ont attaqué la gendarmerie, l’hôpital, l’ONG Jupedec, incendié des maisons, emportant de nombreux biens », a assuré l’abbé Zembi.
« Le contingent marocain de la Minusca (Mission des Nations unies) essaie de protéger les civils », a t-il souligné.
« C’est le crime humanitaire à Zémio », s’était indigné vendredi sur sa page Facebook ce même prêtre.
Un autre prêtre présent à Zémio, Désiré Blaise Kpangou, avait décrit sur Facebook vendredi des assaillants « enturbanés, cheveux tressés, ne parlant ni sango (la langue nationale centrafricaine) ni français », la langue de l’ancien colonisateur.
Des heurts ont par ailleurs éclaté mardi et mercredi à Bria (450 au nord-est de Bangui), a indiqué à l’AFP une source médicale, qui parle d' »au moins dix morts dont des civils, ainsi que plusieurs blessés ».
La Minusca a indiqué samedi qu’elle était « à pied d’oeuvre pour contenir » ces nouvelles violences « entre les présumés (miliciens) anti-Balaka et la faction arabe du FPRC », une branche de l’ex-Séléka.
« Les casques bleus protègent également les déplacés internes », ajoute la force onusienne dans un communiqué.
Dans un autre communiqué samedi, la Minusca a jugé « inacceptables les accusations calomnieuses portées contre les soldats de la paix, notamment à Gambo et à Bangassou », dans le sud-est du pays.
A Gambo, des dizaines de personnes ont été massacrées le 5 août, a constaté un correspondant de l’AFP. Des survivants ont affirmé qu’un contigent marocain de la Minusca présent sur les lieux n’a pas bougé lors de ce massacre qu’ils attribuent à des ex-Sélékas.
« On ne peut pas continuellement faire de la Minusca un bouc émissaire, ni l’accuser de crimes qu’elle n’a pas commis ou qu’elle aurait laissé commettre », a indiqué son porte-parole, Vladimir Monteiro, dans le communiqué.
D’autres violences ont été signalées vendredi dans la région de Kaga Bandoro (centre-ouest) « tuant près d’une dizaine de personnes », selon la gendarmerie locale, qui accuse la faction MPC de l’ex-Séléka.
La Centrafrique subit un regain de violences des factions de l’ex-Séléka, prétendant défendre la minorité musulmane, et groupes d' »auto-défense » anti-balaka, majoritairement chrétiens.
En raison de ce conflit, qui porte aussi sur le contrôle des ressources naturelles, plus de la moitié des 4,5 millions de Centrafricains dépendent de l’assistance humanitaire.
« Depuis janvier 2017, le nombre de personnes ayant besoin d’assistance humanitaire est passé de 2,2 en janvier à 2,4 millions en juin », a déclaré le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU à l’occasion de la journée mondiale de l’aide humanitaire.
Onze travailleurs humanitaires sont morts en Centrafrique depuis le début de l’année, selon cette même source.
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