Katiola (Côte d’Ivoire), 22 nov 2017 (AFP)

Des occupants d’une aire protégée ont saccagé des bureaux du service ivoirien des Eaux et Forêts ainsi que d’agences de protection de la nature à Katiola (centre) pour protester contre leur expulsion de la réserve du Haut Bandama, a appris un journaliste de l’AFP sur place.
« Les gens ont attaqué les bureaux des Eaux et Forêts » (…) de la SODEFOR (Société de développement de la forêt) et de l’OIPR (Office ivoirien des Parcs et Réserves). « Il ont tout saccagé », a affirmé à l’AFP le lieutenant Beiblo Alain Pacôme, chef de cantonnement des Eaux et Forêts de Katiola.
Selon plusieurs témoins à Katiola, certains de ces manifestants étaient armés de fusils de chasse, de machettes et de gourdins.
Ni la gendarmerie, ni la police n’ont réussi à mettre en déroute ces individus qui vivent dans une aire protégée.
« La réserve de faune et de flore du Haut Bandama est une réserve de 123.000 hectares. La présence humaine n’est pas autorisée. Mais des individus sont allés s’installer, ils cultivent la terre. Plusieurs fois, ils ont été sommés de partir mais malgré de nombreux avertissements, ils ne sont jamais partis du site » a expliqué un responsable de l’OIPR sous couvert de l’anonymat.
Rencontré par l’AFP, un des manifestants, également sous couvert de l’anonymat, a protesté contre l’attitude des forces de l’ordre: « Les agents de l’OIPR sont arrivés dans nos campements et ont commencé à détruire nos maisons et tué nos animaux domestiques. Ils ne nous ont même pas donné le temps de vider nos maisons. Nous avons tout perdu. Ils croyaient qu’ils allaient s’en tirer comme ça ? »
« Nous avons répliqué pour leur dire que nous sommes des hommes et non des animaux » a-t-il poursuivi.
En l’absence d’une autorité centrale forte, la décennie de crise politico-militaire (2002-2011) en Côte d’Ivoire a favorisé l’occupation illégale de nombreuses zones protégées à travers le pays.
Fort de sa réélection en 2015, le pouvoir du président Alassane Ouattara tente depuis cette date de reprendre le contrôle de ces zones, faisant souvent face à l’incompréhension des occupants qui ont l’impression de vivre des injustices.