Alger, 3 mai 2017 (AFP)
A Sidi Mhamed, au sud-ouest d’Alger, quelques affiches rappellent les élections législatives, mais pour de nombreux habitants de la plus grande cité de la capitale, le scrutin de jeudi ne changera rien.
« Ce vote est un non-évènement », résume Saida, une femme de ménage quadragénaire qui peine à joindre les deux bouts. « Un salarié ne peut plus terminer le mois sans s’endetter, tout a flambé », s’indigne-t-elle.
Saida habite à Birtouta, une cité dortoir de dizaines d’immeubles et de plus de 3.000 logements inaugurée il y a six ans.
Ce vaste ensemble était « un enfer » pour ses résidents où « même les forces de l’ordre n’arrivaient pas à venir à bout des violences urbaines », se remémore Hlima.
Cette mère de famille de 60 ans habitait à Sidi Yahia, dans un quartier chic de la capitale, avant d’être relogée dans cette cité dortoir parce que l’Etat avait besoin du terrain sur lequel était construit son immeuble. Hlima et son époux vivent seuls, leurs deux garçons ayant préféré aller habiter chez une tante sur les hauteurs d’Alger.
Elle ne compte pas aller voter « pour des députés avec des salaires faramineux et qui ne font que lever et baisser la main lors des votes, sans se soucier du peuple. »
Fatima ira elle voter « par devoir, mais sans illusion ». Cette quinquagénaire vit aujourd’hui dans la promiscuité avec sa belle-famille et est nostalgique de l’époque où les terres agricoles s’étendaient à perte de vue à la place des immeubles. « Le paysage a été dénaturé par cette horreur », peste cette femme qui travaille au noir comme piqueuse chez un couturier.
– ‘Dépolitisation’ –
Depuis quelque temps, les autorités ont fait des efforts pour rendre la cité plus agréable: des couleurs pastel recouvrent les murs des immeubles et des arbustes et fleurs ont été plantés ici et là. On y trouve même un bassin avec de poissons qu’un septuagénaire nourrit quotidiennement.
Et même si les habitants reconnaissent que le calme est revenu, ils confient être toujours sur leurs gardes, les scènes de violences urbaines restant particulièrement ancrées dans leur esprit.
Hamid, 19 ans, à l’allure chétive, a abandonné les études et rêve d’aller vivre sous des cieux plus cléments. Mais ne sait comment s’y prendre « sans argent ni diplôme ».
Non loin de là, Rachid, un retraité de 75 ans, fustige « l’aliénation et la dépolitisation » de la société. « Avant, les gens n’étaient pas instruits mais ils étaient politisés. Aujourd’hui, les jeunes ont des diplômes universitaires mais sont incapables de raisonner », regrette-t-il.
Le vieil homme, lunettes vissées sur le nez et journal à la main, regarde, dubitatif, les immeubles en construction à proximité de cette cité déjà immense, en se demandant comment les uns et les autres pourront cohabiter ensemble.
« Des milliers de personnes vivent ici sans vraiment se croiser, sans discuter. Chacun se cloître chez soi », se désole-t-il, assis sur un banc de cette cité « sans âme ».
Ahmed, un ancien instituteur également à la retraite se dit « perplexe face à la logique de ceux qui veulent que les choses changent en restant chez eux ». « Les miracles n’existent pas: il faut se battre et voter pour que ça bouge », s’exclame ce septuagénaire en gesticulant nerveusement.
Mais sa parole a peu d’écho auprès d’une grande partie de son entourage, dont beaucoup avouent n’avoir jamais voté aux législatives ou aux communales.
L’abstention est en effet traditionnellement élevée à ces élections: le taux de participation n’avait atteint que 43,14% aux législatives de 2012 et 35,65% à celles de 2007, des chiffres gonflés selon des observateurs.
« Je ne vote que pour les présidentielles car un président a le pouvoir de changer les choses, un député non », assène Rym, 50 ans, dont le mari est retraité et les deux garçons au chômage.
« Ce vote est un non-évènement », résume Saida, une femme de ménage quadragénaire qui peine à joindre les deux bouts. « Un salarié ne peut plus terminer le mois sans s’endetter, tout a flambé », s’indigne-t-elle.
Saida habite à Birtouta, une cité dortoir de dizaines d’immeubles et de plus de 3.000 logements inaugurée il y a six ans.
Ce vaste ensemble était « un enfer » pour ses résidents où « même les forces de l’ordre n’arrivaient pas à venir à bout des violences urbaines », se remémore Hlima.
Cette mère de famille de 60 ans habitait à Sidi Yahia, dans un quartier chic de la capitale, avant d’être relogée dans cette cité dortoir parce que l’Etat avait besoin du terrain sur lequel était construit son immeuble. Hlima et son époux vivent seuls, leurs deux garçons ayant préféré aller habiter chez une tante sur les hauteurs d’Alger.
Elle ne compte pas aller voter « pour des députés avec des salaires faramineux et qui ne font que lever et baisser la main lors des votes, sans se soucier du peuple. »
Fatima ira elle voter « par devoir, mais sans illusion ». Cette quinquagénaire vit aujourd’hui dans la promiscuité avec sa belle-famille et est nostalgique de l’époque où les terres agricoles s’étendaient à perte de vue à la place des immeubles. « Le paysage a été dénaturé par cette horreur », peste cette femme qui travaille au noir comme piqueuse chez un couturier.
– ‘Dépolitisation’ –
Depuis quelque temps, les autorités ont fait des efforts pour rendre la cité plus agréable: des couleurs pastel recouvrent les murs des immeubles et des arbustes et fleurs ont été plantés ici et là. On y trouve même un bassin avec de poissons qu’un septuagénaire nourrit quotidiennement.
Et même si les habitants reconnaissent que le calme est revenu, ils confient être toujours sur leurs gardes, les scènes de violences urbaines restant particulièrement ancrées dans leur esprit.
Hamid, 19 ans, à l’allure chétive, a abandonné les études et rêve d’aller vivre sous des cieux plus cléments. Mais ne sait comment s’y prendre « sans argent ni diplôme ».
Non loin de là, Rachid, un retraité de 75 ans, fustige « l’aliénation et la dépolitisation » de la société. « Avant, les gens n’étaient pas instruits mais ils étaient politisés. Aujourd’hui, les jeunes ont des diplômes universitaires mais sont incapables de raisonner », regrette-t-il.
Le vieil homme, lunettes vissées sur le nez et journal à la main, regarde, dubitatif, les immeubles en construction à proximité de cette cité déjà immense, en se demandant comment les uns et les autres pourront cohabiter ensemble.
« Des milliers de personnes vivent ici sans vraiment se croiser, sans discuter. Chacun se cloître chez soi », se désole-t-il, assis sur un banc de cette cité « sans âme ».
Ahmed, un ancien instituteur également à la retraite se dit « perplexe face à la logique de ceux qui veulent que les choses changent en restant chez eux ». « Les miracles n’existent pas: il faut se battre et voter pour que ça bouge », s’exclame ce septuagénaire en gesticulant nerveusement.
Mais sa parole a peu d’écho auprès d’une grande partie de son entourage, dont beaucoup avouent n’avoir jamais voté aux législatives ou aux communales.
L’abstention est en effet traditionnellement élevée à ces élections: le taux de participation n’avait atteint que 43,14% aux législatives de 2012 et 35,65% à celles de 2007, des chiffres gonflés selon des observateurs.
« Je ne vote que pour les présidentielles car un président a le pouvoir de changer les choses, un député non », assène Rym, 50 ans, dont le mari est retraité et les deux garçons au chômage.