Rabat, 10 oct 2017 (AFP)
Quand on entre dans le restaurant Hadaf, situé dans un quartier populaire et commerçant de Rabat, rien n’indique qu’ici, dans cette salle à la décoration épurée, travaillent des jeunes en situation de handicap mental, une expérience pilote en matière d’insertion.
A l’entrée, Amr, polo blanc et pantalon noir, surveille la rue pour repérer les clients alors que le reste de l’équipe apporte une dernière touche aux tables en disposant des vases.
« J’ai d’abord appris à la cantine. Au restaurant, je prends les commandes des clients. J’aime bien le contact avec eux, faire connaissance », s’enthousiasme le jeune homme de 28 ans. « Quand il y a du monde j’ai peur, mais sinon ça va. Je suis habitué ».
Cette expérience pilote a été conçue par une association locale créée par des parents pour bousculer les préjugés et servir de tremplin aux jeunes déficients mentaux, grands oubliés du marché du travail.
Au Maroc, le taux de chômage des personnes en situation de handicap s’élève à 47,65% -soit quatre fois plus que la moyenne-, dans un pays qui compte 2,3 millions de handicapés, selon une étude publiée en 2016 par le ministère de la Famille.
« On ne peut pas préparer un enfant à être intégré, à être sociable, à apprendre à vivre dans la société en marge de la société. Il doit être dans la société pour apprendre avec les autres », souligne Soumia Amrani, membre du Conseil supérieur des droits de l’Homme et vice-présidente d’un Collectif tourné vers le handicap. Pour elle, le combat commence à l’école.
– ‘Ma famille est fière’ –
Sa toque vissée sur la tête dans la cuisine du Hadaf, Moed, 28 ans, se félicite d’avoir été formé à un métier, lui qui n’a fait que trois ans d’école primaire dans le public. « J’ai appris beaucoup de choses avec mes collègues. Je suis très content et ma famille est fière de moi », explique-t-il.
La Constitution marocaine de 2011 prévoit des mesures pour « intégrer et réhabiliter dans la vie civile » les personnes handicapées. Mais, dans les faits, même la scolarisation reste faible: seuls 41,8% des 6-17 ans le sont, et le taux descend à 37,8% chez les 6-11 ans. Autre indicateur, un tiers des sans-abris souffrent d’un handicap.
« Ce restaurant, c’est une bonne chose pour moi et pour les clients », assure Moed, en cisaillant du persil avant de disposer la salade du jour, avec des légumes « maison » du potager bio. Des brochettes grésillent sur le feu, tandis que des jeunes s’activent autour des plans de travail.
Le lieu est intégré au centre Hadaf -« but » en arabe-, créé il y a 20 ans par l’Association des parents et amis des personnes en situation de handicap mental. Aujourd’hui, il accueille 90 jeunes de la région de Rabat, et certains sont sur liste d’attente.
Outre la restauration, filles et garçons se forment à différents métiers: jardinage, bijouterie, menuiserie, couture… Les études sont payantes, sauf pour les familles en situation de précarité.
– ‘Agréable surprise’ –
A l’origine du projet, Amina Mesfer, elle-même maman d’une désormais adulte de 38 ans atteinte d’un handicap mental et non voyante.
« J’ai vite compris qu’on ne pouvait rien faire tout seul mais qu’en se regroupant pour être plus fort, on pouvait trouver des solutions. Il y avait des structures de prise en charge mais (seulement) jusqu’à 21 ans, comme si le handicap mental s’évaporait par miracle. Après, nos enfants se trouvaient livrés à eux-mêmes », explique-t-elle.
Dans la salle du restaurant, le service bat son plein. Fati Badi finit sa crème caramel. « C’est la première fois que je viens, c’est une agréable surprise. Le cadre est soigné. La qualité du service et de la cuisine: tout y est », sourit cette cliente venue déjeuner avec une amie.
« C’est un exemple à reproduire: c’est une façon d’autonomiser les personnes en situation de handicap de la meilleure manière qui soit », poursuit-elle.
Le centre comprend aussi une maison d’hôtes -« cela permet d’avoir des revenus et des occasions de socialisation pour nos jeunes », explique Amina Mesfer-.
Depuis 2016, un centre financé par la Fondation Mohammed VI dispense aussi des formations et délivre un diplôme. Cinq élèves formés par Hadaf ont pu y obtenir une certification, passeport pour trouver un travail.
C’est bien l’intention d’Amr: « quand j’aurai bien appris mon métier, j’aimerais travailler dans un restaurant ou un hôtel », dit-il dans un large sourire.
A l’entrée, Amr, polo blanc et pantalon noir, surveille la rue pour repérer les clients alors que le reste de l’équipe apporte une dernière touche aux tables en disposant des vases.
« J’ai d’abord appris à la cantine. Au restaurant, je prends les commandes des clients. J’aime bien le contact avec eux, faire connaissance », s’enthousiasme le jeune homme de 28 ans. « Quand il y a du monde j’ai peur, mais sinon ça va. Je suis habitué ».
Cette expérience pilote a été conçue par une association locale créée par des parents pour bousculer les préjugés et servir de tremplin aux jeunes déficients mentaux, grands oubliés du marché du travail.
Au Maroc, le taux de chômage des personnes en situation de handicap s’élève à 47,65% -soit quatre fois plus que la moyenne-, dans un pays qui compte 2,3 millions de handicapés, selon une étude publiée en 2016 par le ministère de la Famille.
« On ne peut pas préparer un enfant à être intégré, à être sociable, à apprendre à vivre dans la société en marge de la société. Il doit être dans la société pour apprendre avec les autres », souligne Soumia Amrani, membre du Conseil supérieur des droits de l’Homme et vice-présidente d’un Collectif tourné vers le handicap. Pour elle, le combat commence à l’école.
– ‘Ma famille est fière’ –
Sa toque vissée sur la tête dans la cuisine du Hadaf, Moed, 28 ans, se félicite d’avoir été formé à un métier, lui qui n’a fait que trois ans d’école primaire dans le public. « J’ai appris beaucoup de choses avec mes collègues. Je suis très content et ma famille est fière de moi », explique-t-il.
La Constitution marocaine de 2011 prévoit des mesures pour « intégrer et réhabiliter dans la vie civile » les personnes handicapées. Mais, dans les faits, même la scolarisation reste faible: seuls 41,8% des 6-17 ans le sont, et le taux descend à 37,8% chez les 6-11 ans. Autre indicateur, un tiers des sans-abris souffrent d’un handicap.
« Ce restaurant, c’est une bonne chose pour moi et pour les clients », assure Moed, en cisaillant du persil avant de disposer la salade du jour, avec des légumes « maison » du potager bio. Des brochettes grésillent sur le feu, tandis que des jeunes s’activent autour des plans de travail.
Le lieu est intégré au centre Hadaf -« but » en arabe-, créé il y a 20 ans par l’Association des parents et amis des personnes en situation de handicap mental. Aujourd’hui, il accueille 90 jeunes de la région de Rabat, et certains sont sur liste d’attente.
Outre la restauration, filles et garçons se forment à différents métiers: jardinage, bijouterie, menuiserie, couture… Les études sont payantes, sauf pour les familles en situation de précarité.
– ‘Agréable surprise’ –
A l’origine du projet, Amina Mesfer, elle-même maman d’une désormais adulte de 38 ans atteinte d’un handicap mental et non voyante.
« J’ai vite compris qu’on ne pouvait rien faire tout seul mais qu’en se regroupant pour être plus fort, on pouvait trouver des solutions. Il y avait des structures de prise en charge mais (seulement) jusqu’à 21 ans, comme si le handicap mental s’évaporait par miracle. Après, nos enfants se trouvaient livrés à eux-mêmes », explique-t-elle.
Dans la salle du restaurant, le service bat son plein. Fati Badi finit sa crème caramel. « C’est la première fois que je viens, c’est une agréable surprise. Le cadre est soigné. La qualité du service et de la cuisine: tout y est », sourit cette cliente venue déjeuner avec une amie.
« C’est un exemple à reproduire: c’est une façon d’autonomiser les personnes en situation de handicap de la meilleure manière qui soit », poursuit-elle.
Le centre comprend aussi une maison d’hôtes -« cela permet d’avoir des revenus et des occasions de socialisation pour nos jeunes », explique Amina Mesfer-.
Depuis 2016, un centre financé par la Fondation Mohammed VI dispense aussi des formations et délivre un diplôme. Cinq élèves formés par Hadaf ont pu y obtenir une certification, passeport pour trouver un travail.
C’est bien l’intention d’Amr: « quand j’aurai bien appris mon métier, j’aimerais travailler dans un restaurant ou un hôtel », dit-il dans un large sourire.