Le Caire, 9 avr 2017 (AFP)

Un attentat à la bombe a fait au moins 22 morts et 71 blessés dimanche dans une église de la ville de Tanta, au nord du Caire, trois semaines avant la visite du pape en Egypte.
L’explosion s’est déroulée peu avant 10H00, en pleine célébration des Rameaux dans l’église Mar Girgis de Tanta, une grande ville à une centaine de km du Caire dans le delta du Nil, au premier jour de la Semaine sainte.
« L’explosion a eu lieu aux premiers rangs, près de l’autel, durant la messe », a précisé à l’AFP le général Tarek Atiya, adjoint du ministre de l’Intérieur en charge des médias.
Des images diffusées par la chaîne de télévision privée Extra news montraient le sol et les murs blancs de l’église couverts de sang, ainsi que des bancs en bois déchiquetés.
Le bilan s’est rapidement aggravé, passant de 13 morts initialement à 22 morts et 71 blessés selon le ministère de la Santé.
Parlant au téléphone à la télévision Nile news, le gouverneur de Gharbiya le général Ahmad Deif a indiqué que les services de sécurité avaient ratissé la zone autour de l’église pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’autres engins explosifs.
Selon lui, il n’y a pas encore d’informations sur la nature de l’attentat. « Soit une bombe a été placée dedans, soit quelqu’un s’est fait exploser », a-t-il indiqué.
Le Premier ministre Chérif Ismaïl a condamné l’attentat, soulignant « la détermination de l’Etat à éradiquer de tels actes terroristes, et éliminer à la racine le terrorisme noir ».
« Le terrorisme frappe de nouveau l’Egypte, cette fois-ci le dimanche des Rameaux. Une autre tentative odieuse mais ratée visant tous les Egyptiens », a pour sa part réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ahmad Abou Zeid.
-Attaques sanglantes-
Parallèlement, Al Azhar, prestigieuse institution de l’islam sunnite basée au Caire, a condamné cette attaque contre « des innocents ». « L’objectif de cet attentat terroriste lâche est de déstabiliser la sécurité et la stabilité de notre Egypte, et l’unité du peuple égyptien, ce qui exige de toutes les composantes de la société qu’elles restent soudées », a-t-elle ajouté.
Cet attentat intervient 19 jours avant une visite du pape François prévue les 28 et 29 avril en Egypte, alors que la branche locale du groupe jihadiste Etat islamique (EI) avait récemment appelé à viser des chrétiens.
Il intervient aussi quatre mois après un précédent attentat suici qui avait tué le 11 décembre 29 personnes également en pleine célébration, dans l’église copte Saint-Pierre et Saint-Paul, contigüe de la cathédrale copte Saint-Marc, au Caire.
Cet attentat avait été mené par un kamikaze qui a fait exploser une ceinture explosive. En le revendiquant, l’EI avait affirmé sa détermination à continuer les attaques contre « tout infidèle ou apostat en Egypte et partout ».
L’attaque du Caire avait relancé les appels à durcir la lutte contre la mouvance jihadiste en Egypte, en particulier dans le Sinaï où elle a mené une série d’attaques sanglantes contre les forces de sécurité.
L’armée égyptienne a annoncé le 2 avril avoir tué en mars dans un raid aérien Abou Anas al-Ansari, un des cadres fondateurs de la branche locale de l’EI, Ansar Beït al-Maqdess. Le groupe jihadiste avait prêté allégeance à l’EI en novembre 2014, se rebaptisant « Province du Sinaï ».
Ce groupe avait revendiqué un attentat à la bombe ayant coûté la vie, le 31 octobre 2015, aux 224 occupants d’un avion transportant des touristes russes après son décollage de Charm el-Cheikh, station balnéaire dans le sud du Sinaï.
Les Coptes orthodoxes d’Egypte représentent la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient, constituant 10% des 92 millions d’Egyptiens, et l’une des plus anciennes.
Ils se disent victimes de discriminations dans tout le pays de la part des autorités et de la majorité musulmane.