Dundo (Angola), 13 mai 2017 (AFP)
“C’était fuir ou mourir”. Alors Jean Makemissi n’a pas longtemps hésité. Comme des milliers d’habitants des Kasaï, il a pris la route de l’Angola pour échapper aux combats qui font rage dans le centre de la République démocratique du Congo (RDC).
Sa fuite date déjà de deux mois mais, à sa simple évocation, une lueur d’effroi s’allume dans ses yeux.
“Tous les villages de notre région ont été occupés par les rebelles. Alors on est partis, sans rien emporter, en désordre. On a vraiment eu très peur”, raconte M. Makemissi depuis le camp de Mussungue, dans l’extrême nord de l’Angola.
“J’ai perdu deux de mes enfants, je n’ai plus de nouvelles”, confie-t-il. “Mais par chance, j’ai retrouvé ma femme ici”.
Sa maison n’est distante que de quelques kilomètres du camp, à Tshisenge, tout près de la frontière entre les deux pays. Pourtant, parti le 7 mars, il n’a atteint le territoire angolais que le 14, après avoir erré de cachette en cachette sept jours durant pour échapper aux miliciens.
Ceux-ci sont les partisans de Kamwina Nsapu, un chef coutumier du Kasaï central en conflit avec les autorités de Kinshasa, tué en août dernier par les forces de l’ordre.
Depuis sa mort, ses adeptes s’affrontent avec la police et l’armée dans quatre provinces du centre de la RDC, semant la terreur parmi la population. Selon l’ONU, ces affrontements ont déjà fait des centaines de morts et causé l’exode de plus d’un million de civils.
Comme Jean Makemissi, Bavon Kabankaya s’est enfui de Tshisenge au début du mois de mars. Lui aussi a trouvé refuge dans le camp d’accueil sommaire de Mussungue.
– ‘Guerre tribale’ –
“J’ai assisté à l’attaque (de la ville par les miliciens). Toute la population a fui dès que les rebelles sont entrés en ville”, se souvient le responsable des services d’immigration (DGM) de la localité.
“Ils ont cherché à couper la tête de chaque responsable. Leur objectif, c’est d’exterminer tous ceux qui, pour eux, représentent le gouvernement et (le président de la RD Congo Joseph) Kabila”, poursuit M. Kabankaya.
“Ils veulent aussi exterminer les Balubas (une des ethnies des Kasaï) et tous les autres”, s’inquiète le fonctionnaire. “Dans ma région, il y a une vraie guerre tribale”.
Les Nations unies dénoncent depuis des mois des “tueries” de civils dans les provinces du centre de la RDC. Elles y ont déjà dénombré une quarantaine de fosses communes et rapporté des pillages de masse et des incendies de villages entiers.
L’ONU met en cause les deux camps sans distinction : les rebelles, qu’elle accuse de recruter des enfants et d’avoir commis de nombreuses atrocités, et les forces de sécurité, à qui elle reproche de faire un usage disproportionné de la force contre les miliciens, eux armés essentiellement de bâtons et de lance-pierres.
Les milliers de Congolais pris en charge dans les centre d’accueil installés en urgence par l’ONU, des ONG comme Médecins sans frontières (MSF) et les autorités angolaises affirment avoir été témoins de nombreuses exactions des Kamwina Nsapu.
– ‘Bâtons magiques’ –
Mi-avril, ils sont entrés dans le village frontalier de Kamako après plusieurs jours de violents combats avec l’armée congolaise, raconte un de ses habitants, Daniel Kabeya.
“Ils ont tué des innocents dans leur maison”, assure-t-il. “Nous avons entendu des coups de feu et, comme on ne savait pas ce qu’il se passait, on a décidé de fuir en vitesse”.
Même en sécurité à l’intérieur du territoire angolais, les réfugiés ne cachent pas leur peur des miliciens. Ils les disent armés de “bâtons magiques”, les soupçonnent de sorcellerie et leur prêtent même le pouvoir de ressusciter.
“Ces gens-là n’utilisent pas des armes mais des pouvoirs magiques”, assure ainsi un autre réfugié, Alain Kambala. “Ce sont des extraterrestres, des +Armageddon+, ils ne meurent pas. Tu peux tuer celui-là et deux minutes après, la même personne, tu vas la retrouver vivante”, jure-t-il la main sur le coeur.
A en croire certains, même les forces armées congolaises sont effrayées par ces combattants.
“Quand les rebelles sont arrivés, les militaires se sont cachés et ont pris la fuite”, se souvient Anastasie Ubanza, réfugiée d’un autre village du Kasaï-central.
“Leur but, c’est d’égorger”, poursuit-elle. “Si vous soutenez le pouvoir congolais, il faut qu’ils vous égorgent. Comme je suis fonctionnaire de l’Etat, j’ai fui tout de suite mais je n’ai pas pu emmener mes quatre enfants”.
Assise sous la bâche de plastique qui lui sert de seul abri dans le camp de Mussungue, elle n’a plus aucune nouvelle de sa famille. “Aujourd’hui, je les ai perdus”, murmure-t-elle.
Sa fuite date déjà de deux mois mais, à sa simple évocation, une lueur d’effroi s’allume dans ses yeux.
“Tous les villages de notre région ont été occupés par les rebelles. Alors on est partis, sans rien emporter, en désordre. On a vraiment eu très peur”, raconte M. Makemissi depuis le camp de Mussungue, dans l’extrême nord de l’Angola.
“J’ai perdu deux de mes enfants, je n’ai plus de nouvelles”, confie-t-il. “Mais par chance, j’ai retrouvé ma femme ici”.
Sa maison n’est distante que de quelques kilomètres du camp, à Tshisenge, tout près de la frontière entre les deux pays. Pourtant, parti le 7 mars, il n’a atteint le territoire angolais que le 14, après avoir erré de cachette en cachette sept jours durant pour échapper aux miliciens.
Ceux-ci sont les partisans de Kamwina Nsapu, un chef coutumier du Kasaï central en conflit avec les autorités de Kinshasa, tué en août dernier par les forces de l’ordre.
Depuis sa mort, ses adeptes s’affrontent avec la police et l’armée dans quatre provinces du centre de la RDC, semant la terreur parmi la population. Selon l’ONU, ces affrontements ont déjà fait des centaines de morts et causé l’exode de plus d’un million de civils.
Comme Jean Makemissi, Bavon Kabankaya s’est enfui de Tshisenge au début du mois de mars. Lui aussi a trouvé refuge dans le camp d’accueil sommaire de Mussungue.
– ‘Guerre tribale’ –
“J’ai assisté à l’attaque (de la ville par les miliciens). Toute la population a fui dès que les rebelles sont entrés en ville”, se souvient le responsable des services d’immigration (DGM) de la localité.
“Ils ont cherché à couper la tête de chaque responsable. Leur objectif, c’est d’exterminer tous ceux qui, pour eux, représentent le gouvernement et (le président de la RD Congo Joseph) Kabila”, poursuit M. Kabankaya.
“Ils veulent aussi exterminer les Balubas (une des ethnies des Kasaï) et tous les autres”, s’inquiète le fonctionnaire. “Dans ma région, il y a une vraie guerre tribale”.
Les Nations unies dénoncent depuis des mois des “tueries” de civils dans les provinces du centre de la RDC. Elles y ont déjà dénombré une quarantaine de fosses communes et rapporté des pillages de masse et des incendies de villages entiers.
L’ONU met en cause les deux camps sans distinction : les rebelles, qu’elle accuse de recruter des enfants et d’avoir commis de nombreuses atrocités, et les forces de sécurité, à qui elle reproche de faire un usage disproportionné de la force contre les miliciens, eux armés essentiellement de bâtons et de lance-pierres.
Les milliers de Congolais pris en charge dans les centre d’accueil installés en urgence par l’ONU, des ONG comme Médecins sans frontières (MSF) et les autorités angolaises affirment avoir été témoins de nombreuses exactions des Kamwina Nsapu.
– ‘Bâtons magiques’ –
Mi-avril, ils sont entrés dans le village frontalier de Kamako après plusieurs jours de violents combats avec l’armée congolaise, raconte un de ses habitants, Daniel Kabeya.
“Ils ont tué des innocents dans leur maison”, assure-t-il. “Nous avons entendu des coups de feu et, comme on ne savait pas ce qu’il se passait, on a décidé de fuir en vitesse”.
Même en sécurité à l’intérieur du territoire angolais, les réfugiés ne cachent pas leur peur des miliciens. Ils les disent armés de “bâtons magiques”, les soupçonnent de sorcellerie et leur prêtent même le pouvoir de ressusciter.
“Ces gens-là n’utilisent pas des armes mais des pouvoirs magiques”, assure ainsi un autre réfugié, Alain Kambala. “Ce sont des extraterrestres, des +Armageddon+, ils ne meurent pas. Tu peux tuer celui-là et deux minutes après, la même personne, tu vas la retrouver vivante”, jure-t-il la main sur le coeur.
A en croire certains, même les forces armées congolaises sont effrayées par ces combattants.
“Quand les rebelles sont arrivés, les militaires se sont cachés et ont pris la fuite”, se souvient Anastasie Ubanza, réfugiée d’un autre village du Kasaï-central.
“Leur but, c’est d’égorger”, poursuit-elle. “Si vous soutenez le pouvoir congolais, il faut qu’ils vous égorgent. Comme je suis fonctionnaire de l’Etat, j’ai fui tout de suite mais je n’ai pas pu emmener mes quatre enfants”.
Assise sous la bâche de plastique qui lui sert de seul abri dans le camp de Mussungue, elle n’a plus aucune nouvelle de sa famille. “Aujourd’hui, je les ai perdus”, murmure-t-elle.