Kinshasa (AFP)


La justice militaire congolaise a annoncé vendredi à Kinshasa qu’elle interrogeait un suspect arrêté dans l’enquête sur l’assassinat de deux experts de l’ONU dans une zone troublée du centre de la République démocratique du Congo.
« L’Auditorat général a arrêté deux suspects supposés avoir donné la mort à l’Américain Michael Sharp et à la Suédoise Zaïda Catalan » dont les cadavres ont été retrouvés au Kasaï le 28 mars, plus de deux semaines après leur enlèvement, a déclaré le général-major Joseph Ponde, auditeur (procureur) général des Forces armées de la RDC (FARDC) lors d’un point de presse.
L’un de ces deux suspects – présentés par le général comme des « insurgés » – s’est enfui avec la complicité des quatre policiers chargés de les surveiller, a affirmé l’officier, sans fournir de détails sur les circonstances de l’arrestation et de cette fuite.
L’autre suspect, identifié comme Daniel Mbayi Kabasele (homonyme d’un député local), est gardé à vue au parquet militaire de Kananga, capitale de la province du Kasaï-central, où son interrogatoire « se poursuit », a ajouté l’auditeur général.
« Seule l’enquête judiciaire déterminera qui, des insurgés Kamwina Nsapu ou des éléments des forces de sécurité », a tué les deux experts, a ajouté l’officier, précisant que l’enquête se poursuit pour retrouver les quatre Congolais qui les accompagnaient.
Les deux experts avaient été missionnés par le secrétaire général de l’ONU pour enquêter sur l’application d’une résolution du Conseil de sécurité instituant un embargo sur les armes à destination de la RDC.
La région du Kasaï est en proie à des violences ayant fait des centaines de morts depuis l’apparition, en septembre 2016, d’une rébellion se réclamant d’un chef traditionnel, Kamwina Nsapu, tué le mois précédent lors d’une opération des forces de l’ordre après s’être révolté contre les autorités.
La rébellion Kamwina Nsapu a été accusée par l’ONU de recruter des enfants et d’avoir commis de nombreuses atrocités. En face, les forces de l’ordre se voient reprocher par l’ONU de faire un usage disproportionné de la force contre des miliciens armés essentiellement de bâtons et de lance-pierres. Elles ont été mises en causes en février sur internet dans des vidéos montrant des massacres présumés de rebelles.
L’ONU a indiqué début avril avoir découvert 23 fosses communes au Kasaï. Le général Ponde a assuré vendredi que le parquet militaire étendrait « ses enquêtes aux actes hautement répréhensibles perpétrés aussi bien par (les partisans de Kamwina Nsapu que par les) agents des forces de l’ordre ».