Nairobi, 29 juil 2017 (AFP)

La maison du vice-président kényan William Ruto a été attaquée par des hommes armés samedi dans la région d’Eldoret (nord-ouest du Kenya), à dix jours d’élections générales qui s’annoncent serrées et tendues, a-t-on annoncé de sources sécuritaires.
M. Ruto et sa famille ne se trouvaient pas chez eux au moment de l’attaque, lors de laquelle au moins un homme a été grièvement blessé par balles, à savoir un policier d’élite chargé de la sécurité, ont indiqué à l’AFP un haut responsable de la sécurité et un policier sous couvert de l’anonymat.
« Des hommes armés ont lancé une attaque, tiré sur un policier et volé son arme », a déclaré à l’AFP le responsable de la sécurité.
Des forces de sécurité « importantes » ont été déployées et ont pénétré dans l’immense propriété, qui compte plusieurs bâtiments. Ces forces ont entendu un coup de feu après leur arrivée et tentent de déterminer si un ou plusieurs assaillants se trouvent encore sur les lieux.
« Une opération sécuritaire est en cours », a précisé la source policière, selon laquelle le nombre d’assaillants ainsi que leurs motivations sont pour l’heure inconnues. « La sécurité a été renforcée et nous n’avons encore procédé à aucune arrestation ».
William Ruto avait quitté sa maison peu de temps avant l’attaque, qui a débuté en fin de matinée, afin de se rendre à un meeting politique, selon des sources concordantes. Le porte-parole du vice-président, contacté par l’AFP, n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat.
– Température électorale élevée –
William Ruto est le colistier du président Uhuru Kenyatta pour les élections générales du 8 août, organisées dix ans après les pires violences électorales de l’histoire du Kenya indépendant (1.100 morts), alimentées par des contestations du résultat.
La vallée du Rift, dans laquelle se trouve la région d’Eldoret, avait été les foyer des affrontements les plus violents entre les deux principales ethnies de la région, les Kikuyu, dont est issu le président Kenyatta, et les Kalenjin, dont est issu William Ruto.
Les deux hommes, un temps poursuivis par la Cour pénale internationale pour ces violences, s’étaient ensuite alliés et avaient été élus à la présidentielle de 2013. Ils briguent un second mandat face au candidat de l’opposition, Raila Odinga, et son colistier, Kalonzo Musyoka.
Les élections au Kenya se jouent rarement sur des programmes, beaucoup plus sur des sentiments d’appartenance ethnique et géographique.
Le scrutin s’annonce serré, selon les récents sondages d’opinion. La température électorale dans le pays est montée d’un cran ces dernières semaines, marquées par des accusations acrimonieuses des deux camps.
Raila Odinga, qui estime que la victoire lui a été volée en 2007 et 2013, accuse l’exécutif actuel de vouloir truquer les élections, alors que M. Kenyatta accuse son rival de vouloir les retarder.
Nombre de Kényans retiennent dès lors leur souffle alors que ces accusations croisées suscitent l’inquiétude de nombreux observateurs, qui craignent qu’elles ne débouchent sur de nouveaux troubles.
Début juillet, l’ONG Human Rights Watch a fait état de menaces et d’intimidations entre communautés dans la région de Naivasha (centre), également dans la vallée du Rift.
Les comtés de Laikipia et Baringo, dans une autre zone de la vallée du Rift, sont par ailleurs le théâtre depuis le début de l’année de raids violents menés par des éleveurs semi-nomades, qui envahissent des terres privées pour y faire paître leur troupeau, incendient des propriétés et tuent ceux qui se trouvent sur leur chemin.
Ces violences ont déjà fait des dizaines de morts et des centaines de déplacés, essentiellement des Kényans noirs vivant sur de petites parcelles de terre. Selon certains observateurs et habitants interrogés par l’AFP, ces violences sont surtout nourries par la politique.