Nairobi, 3 mai 2017 (AFP)

Le gouvernement kényan fait preuve depuis quatre ans d’une “hostilité” affichée envers les défenseurs des droits de l’homme, selon un rapport conjoint de plusieurs ONG qui s’inquiètent de la sécurité de ces militants à l’approche des élections générales du 8 août.
“Ces quatre dernières années, l’administration (du président Uhuru Kenyatta) a montré une hostilité ouverte envers les défenseurs des droits de l’homme, considérés comme des ennemis de l’État au service d’intérêts étrangers afin de déstabiliser le pays”, écrit l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme (OBS) dans ce rapport publié mercredi.
“Elle a constamment tenté de saper leur travail pourtant légitime par des mesures de harcèlement judiciaire et administratif et une législation restrictive”, poursuit l’OBS, fruit d’un partenariat entre l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).
Intitulé “Élections 2017: les promesses brisées mettent les défenseurs des droits de l’homme en danger”, le rapport détaille sur 50 pages les violences ou pressions dont sont victimes les acteurs de ce secteur au Kenya.
Il revient notamment sur l’enlèvement, la torture et l’assassinat en juin 2016 de l’avocat et défenseur des droits de l’homme Willie Kimani, qui avait suscité un vif émoi dans le pays. L’avocat défendait un chauffeur de moto-taxi qui accusait devant la justice un policier de l’avoir blessé par balle sans raison. Plusieurs policiers ont été arrêtés dans cette enquête.
Le cas Willie Kimani “n’est que la partie immergée d’un iceberg, celui des violences destinées à faire taire les voix dissidentes et à perpétuer l’impunité et la brutalité de la police et des forces de sécurité de l’État”, ajoute le rapport.
Il détaille également le recours excessif à la force de la police pour empêcher la tenue de manifestations pourtant dûment enregistrées et dénonce une litanie de délits du code pénal – “activités subversives”, “trahison” – souvent en contradiction avec l’esprit de la nouvelle Constitution de 2010 et permettant de poursuivre les activistes devant les tribunaux.
“Alors que les élections prévues le 8 août approchent, une incertitude pèse quant à leur impact potentiel sur la situation des défenseurs des droits de l’homme et des organisations de la société civile”, soulignent également les auteurs du rapport.