Nairobi, 9 août 2017 (AFP)

L’opposition kényane a affirmé mercredi que les résultats de l’élection présidentielle donnant une large avance au président sortant Uhuru Kenyatta avaient été truqués par des pirates informatiques ayant réussi à prendre le contrôle du système électronique de collecte des résultats.
“L’élection kényane 2017 est une fraude et le piratage a affecté la crédibilité de cette élection. Ces résultats sont faux, c’est une imposture”, a accusé lors d’une conférence de presse Raila Odinga, le candidat de la coalition d’opposition Nasa.
M. Odinga a précisé que mardi en début d’après-midi, des pirates avaient accédé au système électronique de la Commission électorale (IEBC), en utilisant les codes d’accès de Chris Msando, responsable informatique de l’IEBC, dont le corps avait été retrouvé une semaine avant le scrutin, portant des traces de torture.
M. Odinga a affirmé que ces pirates avaient créé “des erreurs” dans les serveurs de l’IEBC, téléchargeant des logarithmes qui auraient permis d’accroître artificiellement le score de M. Kenyatta.
“Cette attaque contre la démocratie a affecté les résultats de l’élection dans les 47 comtés”, a accusé l’ancien Premier ministre. Il a dénoncé une “tentative osée d’enlever aux Kényans leur pouvoir de choisir leurs dirigeants” et une “fraude d’une monumentale gravité”.
Selon les résultats publiés mercredi matin par l’IEBC, portant sur plus de 90% des bureaux de vote du pays, M. Kenyatta était crédité de 54,41% des suffrages, contre 44,72% pour M. Odinga, sur un total de 14,2 millions de votes comptabilisés.
Plus tôt dans la nuit, l’opposition avait déjà annoncé contester les résultats provisoires de l’élection. Elle avait alors reproché à l’IEBC de ne pas lui avoir communiqué les procès-verbaux susceptibles de corroborer les résultats transmis électroniquement et diffusés sur le site internet de la commission.
M. Odinga ne s’est pas étendu sur ce qu’allait être sa stratégie. Il a simplement appelé les gens “à rester calmes”. “Je ne contrôle pas le peuple”, a-t-il toutefois ajouté.
Vétéran de la politique kényane et candidat pour la quatrième fois à la présidentielle, M. Odinga avait déjà crié à la fraude en 2007 à l’annonce de la réélection du président Mwai Kibaki.
Le Kenya avait alors plongé dans deux mois de violences politico-ethniques et de répression policière, qui avaient fait au moins 1.100 morts et plus de 600.000 déplacés.
En 2013, M. Odinga avait dénoncé des fraudes après la victoire dès le premier tour de M. Kenyatta, en s’appuyant sur la faillite du système électronique. Il avait saisi la Cour suprême, qui avait tout de même validé les résultats.