Nairobi (AFP)
Raila Odinga, candidat de l’opposition défait à la présidentielle kényane, a promis dimanche qu’il ne renoncerait pas à contester la réélection du président sortant Uhuru Kenyatta et appelé ses partisans à rester chez eux dans l’attente de l’annonce de sa stratégie mardi.
S’adressant en kiswahili à des milliers de partisans enthousiastes dans le bidonville de Kibera à Nairobi, M. Odinga, resté muet depuis la proclamation officielle des résultats vendredi soir, a affirmé qu’il n’accepterait pas les résultats de cette élection « volée ».
« Nous n’avons pas encore perdu. Nous n’abandonnerons pas. Attendez que j’annonce la marche à suivre après-demain (mardi) », a déclaré M. Odinga. « Parce que Jubilee (le parti au pouvoir, ndlr) a ses policiers et soldats partout, ne quittez pas vos maisons demain. N’allez pas au travail demain », a-t-il ajouté.
Cette adresse, très attendue, s’inscrit dans un contexte de pressions internationales croissantes sur l’opposition. L’ONU, l’Union européenne et Londres, entre autres, l’ont appelée à canaliser la colère de ses partisans après les violences post-électorales qui ont fait au moins 16 morts depuis vendredi dans ses bastions.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a ainsi demandé à M. Odinga d’envoyer « un message clair à ses supporteurs afin qu’ils s’abstiennent de recourir à la violence ». L’UE et Londres ont également appelé à la modération et enjoint l’opposition de faire valoir ses récriminations par les voies légales, une option qu’elle a pour le moment écartée après avoir saisi en vain la Cour suprême en 2013.
– Reprise de l’activité –
Après une flambée de violence de 24 heures, aucun incident notable n’était rapporté depuis samedi soir dans les bidonvilles de Nairobi et l’ouest du pays, théâtres d’affrontements violents mais sporadiques entre manifestants munis de pierres et policiers lourdement armés, après l’annonce de la réélection du président Kenyatta, 55 ans.
Ailleurs, l’activité reprenait dans les rues de Nairobi, où les habitants se sont rendus normalement dans les églises pour la messe. A Mathare, un bidonville de Nairobi touché par les violences, des commerçants rouvraient timidement leurs échoppes, et policiers comme manifestants avaient déserté les rues dimanche matin.
Au moins 16 personnes ont été tuées entre vendredi soir et samedi soir – neuf dans les bidonvilles de Nairobi, dont une fille de 9 ans, et sept dans l’ouest du pays – selon un nouveau bilan établi par l’AFP de sources policières et hospitalières.
« Nous avons trois corps qui ont été emmenés à la morgue principale de Kisumu. Nous en avons aussi un à Homa Bay, un à Migori et deux à Siaya », a annoncé à l’AFP dimanche un responsable de la police en poste dans l’ouest du pays, ayant requis l’anonymat.
La colère des partisans de l’opposition avait éclaté à l’annonce de la victoire de M. Kenyatta, avec 54,27% des voies, sur son rival Raila Odinga (44,74%), au terme d’un scrutin pourtant annoncé serré par les instituts de sondage.
– Conclusions cohérentes –
La coalition d’opposition Nasa affirme que le score de M. Kenyatta est le fruit d’une manipulation électronique du système de transmission et de décompte des voix utilisé par la Commission électorale, et censé précisément prévenir les irrégularités.
La parole de M. Odinga, qui à 72 ans livre probablement sa dernière grande bataille après ses trois précédents échecs à la présidentielle (1997, 2007, 2013), était très attendue dans les rangs de ses sympathisants.
« Nous voulons entendre Raila (…) S’il nous dit d’aller dans les rues, nous irons dans les rues. S’il veut qu’on reste à la maison, nous resterons à la maison », expliquait Humpfrey Songole, un coiffeur de 25 ans à Mathare.
Vendredi soir, M. Kenyatta, au pouvoir depuis 2013, avait tendu la main à Raila Odinga, dans une adresse à la Nation. « Nous devons travailler ensemble (…) nous devons ensemble faire grandir ce pays », avait-il lancé, appelant l’opposition à ne pas « recourir à la violence ».
Il y a dix ans, plus de 1.100 personnes avaient été tuées et 600.000 déplacées en deux mois de violences post-électorales, après la réélection fin décembre 2007 de Mwai Kibaki, déjà contestée par M. Odinga.
Mais le contexte des élections de mardi diffère de celui d’il y a dix ans. Même si elles remettent en lumière de vieilles rancœurs entre communautés, les violences sont pour l’instant limitées aux bastions de l’opposition et seule l’ethnie Luo, celle de M. Odinga, semble par ailleurs se mobiliser.
Les autres composantes de Nasa, les Kamba et Luhya notamment, restent pour l’heure à l’écart des violences et leurs leaders, numéros 2 et 3 de la coalition, n’étaient pas présents à Kibera dimanche.
Les missions d’observation internationales ont globalement salué la bonne tenue des élections. Le groupe d’observateurs indépendants kényans ELOG, qui avait déployé 8.300 personnes sur le terrain, a publié samedi des conclusions « cohérentes » avec les résultats officialisés par l’IEBC.
S’adressant en kiswahili à des milliers de partisans enthousiastes dans le bidonville de Kibera à Nairobi, M. Odinga, resté muet depuis la proclamation officielle des résultats vendredi soir, a affirmé qu’il n’accepterait pas les résultats de cette élection « volée ».
« Nous n’avons pas encore perdu. Nous n’abandonnerons pas. Attendez que j’annonce la marche à suivre après-demain (mardi) », a déclaré M. Odinga. « Parce que Jubilee (le parti au pouvoir, ndlr) a ses policiers et soldats partout, ne quittez pas vos maisons demain. N’allez pas au travail demain », a-t-il ajouté.
Cette adresse, très attendue, s’inscrit dans un contexte de pressions internationales croissantes sur l’opposition. L’ONU, l’Union européenne et Londres, entre autres, l’ont appelée à canaliser la colère de ses partisans après les violences post-électorales qui ont fait au moins 16 morts depuis vendredi dans ses bastions.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a ainsi demandé à M. Odinga d’envoyer « un message clair à ses supporteurs afin qu’ils s’abstiennent de recourir à la violence ». L’UE et Londres ont également appelé à la modération et enjoint l’opposition de faire valoir ses récriminations par les voies légales, une option qu’elle a pour le moment écartée après avoir saisi en vain la Cour suprême en 2013.
– Reprise de l’activité –
Après une flambée de violence de 24 heures, aucun incident notable n’était rapporté depuis samedi soir dans les bidonvilles de Nairobi et l’ouest du pays, théâtres d’affrontements violents mais sporadiques entre manifestants munis de pierres et policiers lourdement armés, après l’annonce de la réélection du président Kenyatta, 55 ans.
Ailleurs, l’activité reprenait dans les rues de Nairobi, où les habitants se sont rendus normalement dans les églises pour la messe. A Mathare, un bidonville de Nairobi touché par les violences, des commerçants rouvraient timidement leurs échoppes, et policiers comme manifestants avaient déserté les rues dimanche matin.
Au moins 16 personnes ont été tuées entre vendredi soir et samedi soir – neuf dans les bidonvilles de Nairobi, dont une fille de 9 ans, et sept dans l’ouest du pays – selon un nouveau bilan établi par l’AFP de sources policières et hospitalières.
« Nous avons trois corps qui ont été emmenés à la morgue principale de Kisumu. Nous en avons aussi un à Homa Bay, un à Migori et deux à Siaya », a annoncé à l’AFP dimanche un responsable de la police en poste dans l’ouest du pays, ayant requis l’anonymat.
La colère des partisans de l’opposition avait éclaté à l’annonce de la victoire de M. Kenyatta, avec 54,27% des voies, sur son rival Raila Odinga (44,74%), au terme d’un scrutin pourtant annoncé serré par les instituts de sondage.
– Conclusions cohérentes –
La coalition d’opposition Nasa affirme que le score de M. Kenyatta est le fruit d’une manipulation électronique du système de transmission et de décompte des voix utilisé par la Commission électorale, et censé précisément prévenir les irrégularités.
La parole de M. Odinga, qui à 72 ans livre probablement sa dernière grande bataille après ses trois précédents échecs à la présidentielle (1997, 2007, 2013), était très attendue dans les rangs de ses sympathisants.
« Nous voulons entendre Raila (…) S’il nous dit d’aller dans les rues, nous irons dans les rues. S’il veut qu’on reste à la maison, nous resterons à la maison », expliquait Humpfrey Songole, un coiffeur de 25 ans à Mathare.
Vendredi soir, M. Kenyatta, au pouvoir depuis 2013, avait tendu la main à Raila Odinga, dans une adresse à la Nation. « Nous devons travailler ensemble (…) nous devons ensemble faire grandir ce pays », avait-il lancé, appelant l’opposition à ne pas « recourir à la violence ».
Il y a dix ans, plus de 1.100 personnes avaient été tuées et 600.000 déplacées en deux mois de violences post-électorales, après la réélection fin décembre 2007 de Mwai Kibaki, déjà contestée par M. Odinga.
Mais le contexte des élections de mardi diffère de celui d’il y a dix ans. Même si elles remettent en lumière de vieilles rancœurs entre communautés, les violences sont pour l’instant limitées aux bastions de l’opposition et seule l’ethnie Luo, celle de M. Odinga, semble par ailleurs se mobiliser.
Les autres composantes de Nasa, les Kamba et Luhya notamment, restent pour l’heure à l’écart des violences et leurs leaders, numéros 2 et 3 de la coalition, n’étaient pas présents à Kibera dimanche.
Les missions d’observation internationales ont globalement salué la bonne tenue des élections. Le groupe d’observateurs indépendants kényans ELOG, qui avait déployé 8.300 personnes sur le terrain, a publié samedi des conclusions « cohérentes » avec les résultats officialisés par l’IEBC.