Londres, 11 mai 2017 (AFP)

Le président somalien a appelé jeudi la communauté internationale à aider son pays à lutter contre ses “ennemis” que sont “le terrorisme, la corruption et la pauvreté” lors d’une conférence internationale à Londres visant à aider à sa stabilisation.
Mohamed Abdullahi Mohamed s’est engagé à prendre des mesures pour “libérer l’immense potentiel de la population” somalienne, afin de lui permettre de contribuer au développement de ce pays de la Corne de l’Afrique, l’un des plus pauvres et instables du monde.
Concernant la lutte contre le terrorisme, il s’est dit “confiant” dans la capacité de la Somalie à vaincre l’insurrection islamiste shebab “dans les prochaines années”. Il a aussi affirmé que la sécurisation du territoire sera permise par “l’établissement d’une administration territoriale”.
La conférence londonienne doit permettre d’établir un nouveau partenariat entre la communauté internationale et la Somalie menacée par les shebab, affiliés à Al-Qaïda, et par une nouvelle sécheresse.
Des discussions devaient aussi être engagées pour réduire sa dette, qui s’élève à 5,3 milliards de dollars (4,88 milliards d’euros), en échange d’une réforme de son économie.
L’événement réunissait une quarantaine de délégations et des institutions comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Ligue arabe en présence du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, du ministre américain de la Défense James Mattis et de la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini.
Dans son discours d’ouverture, la Première ministre britannique Theresa May a affirmé que cette conférence visait à “construire un avenir plus prospère, stable et sûr pour la population somalienne”.
La dirigeante britannique a alerté sur les risques d'”instabilité pour l’ensemble du continent et du monde” que font peser le terrorisme et la famine dans ce pays, ainsi que la piraterie dans l’océan Indien.
Estimant que la récente élection de Mohamed Abduhalli Mohamed offrait une “fenêtre d’opportunité cruciale”, elle a exhorté la communauté internationale à soutenir les réformes qui seront menées.
– ‘La sécheresse, l’urgence’ –
Antonio Guterres a, lui, rappelé que “près de la moitié de la population” de la Somalie avait besoin d’une assistance, faisant de la lutte contre la sécheresse “la plus urgente des priorités”. Selon un rapport de l’ONU, 1,4 million d’enfants somaliens seront atteints de malnutrition d’ici la fin de l’année, un chiffre en hausse de 50% par rapport à 2016.
Le secrétaire général de l’ONU a également insisté sur la nécessité de coordonner les opérations militaires menées dans différentes régions du pays, et de créer une armée unifiée.
Jugeant que la Somalie “tourne une page” de son histoire, il a assuré que l’ONU ferait “tout son possible” pour permettre d’instaurer “la prospérité et une paix durable”.
Il a annoncé qu’un nouveau plan de 900 millions de dollars (827 millions d’euros) serait mis en place d’ici la fin de l’année, pour répondre à la situation humanitaire.
De son côté, l’UE s’est engagée à apporter 200 millions d’euros supplémentaires, portant le total de ses engagements humanitaires et militaires à 3,4 milliards d’euros sur la période 20015-2020.
En mars, le président somalien avait appelé la communauté internationale à augmenter son aide, arguant que son gouvernement s’engageait sur la voie de la “bonne gouvernance” et du renouveau économique.
La dernière famine en Somalie, en 2011, née d’une grave sécheresse dans la Corne de l’Afrique et aggravée par l’insurrection shebab, avait fait 260.000 morts.
La lutte contre les shebab est aujourd’hui menée par les 22.000 hommes de la force internationale de l’Union africaine, l’Amisom, déployée en 2007. D’après le Pentagone, “plusieurs centaines” de soldats américains sont également en Somalie pour former environ 3.000 officiers locaux à des opérations anti-terroristes.
Confrontés à la puissance de feu de l’Amisom, les shebab ont été chassés de Mogadiscio en août 2011 et ont perdu l’essentiel de leurs bastions. Ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, jusque dans la capitale Mogadiscio.
A la mi-février, ils ont menacé de mener une guerre “sans merci” contre le nouveau président tout juste élu.