Johannesburg, 10 août 2017 (AFP)

L’otage sud-africain libéré fin juillet après six ans aux mains d’Al-Qaïda au Mali a raconté jeudi avoir « été très bien traité » par ses ravisseurs, en particulier après s’être converti à l’islam, même s’il a eu peur à « trois reprises » pour sa vie.
« On a été très bien traités. J’avais des habits, de la nourriture. Quand j’étais malade, ils (mes ravisseurs) me donnaient des médicaments, des médicaments de base mais des médicaments », a déclaré Stephen McGown, qui s’exprimait pour la première fois depuis sa libération fin juillet, à l’occasion d’une conférence de presse à Johannesburg.
Cheveux roux ondulés jusqu’aux épaules, retenus par des lunettes de soleil, et barbe épaisse blanchie, Stephen McGown, 42 ans, est apparu mince, mais très souriant et en forme, entouré de son épouse et de son père.
Il s’est cependant plaint de forts maux de tête dans les jours qui ont suivi son retour en Afrique du Sud, où il a suivi des examens médicaux. Les médecins ont diagnostiqué une méningite.
« Quand on a été kidnappés, on nous a dit qu’on ne nous ferait pas de mal », a encore raconté M. McGown. Mais « on a craint pour notre vie à trois reprises. Surtout les trois premiers mois, c’était très instable », a-t-il ajouté sans donner plus de précisions.
L’ancien otage a expliqué s’être converti du christianisme à l’islam pendant sa longue détention, et de son « propre chef ».
« Une fois converti, les choses ont changé de façon spectaculaire (…). Les gars voulaient laver mes vêtements, ils me donnaient de la bonne viande de gazelle », a-t-il expliqué.
Pour garder le moral, il a fait notamment « un peu d’exercice physique », et observé pendant six ans les migrations des hirondelles, lui le « fan d’oiseaux ».
« Parfois, je dormais beaucoup, parfois j’étais très triste et voulais me battre contre toute le monde. Mais je ne voulais pas devenir un fardeau pour ma famille, je veux devenir une meilleure personne », a-t-il encore dit.
Le 25 novembre 2011, Stephen McGown avait été kidnappé avec trois autres touristes occidentaux dans la ville de Tombouctou, dans le nord du Mali.
Un Allemand, qui avait tenté de résister, avait été tué. Les deux autres touristes, le Néerlandais Sjaak Rijke et le Suédois Johan Gustafsson, ont été libérés respectivement en 2015 et fin juin 2017.
Au début de leur détention, les otages dormaient les mains menottées et les pieds enchaînés, a raconté Stephen McGown. Les nuits étaient glaciales, avec une couverture par personne, au mieux deux. Quand un avion de reconnaissance s’approchait, il fallait se cacher, a-t-il ajouté.
Imtiaz Sooliman, à la tête de l’organisation Gift of the Givers, qui a contribué à la libération de l’otage sud-africain, a expliqué jeudi que les ravisseurs avaient dans un premier temps demandé une rançon de 10 millions d’euros (11,7 millions de dollars) pour chaque otage. Mais il a affirmé ne pas avoir été impliqué dans le paiement d’une rançon.
La semaine dernière, le gouvernement sud-africain avait assuré n’avoir payé « aucune rançon » pour la libération de Stephen McGown.
Lors d’une conférence de presse jeudi à Stockholm, Johan Gustafsson a pour sa part dénoncé le versement de rançons qui peuvent être utilisées dans la « machinerie de guerre » des djihadistes.