Rabat, 24 août 2017 (AFP)

Le chef du gouvernement marocain Saadeddine El Othmani a promis jeudi une stratégie contre les violences faites aux femmes après une agression sexuelle qui a suscité une vague d’indignation dans le pays, mais sans donner de date.
L’affaire a éclaté avec la diffusion dimanche sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant une horde d’adolescents hilares, bousculant violemment une jeune femme en pleurs dans un bus de Casablanca (ouest), essayant de la déshabiller et touchant ses parties intimes.
Les six agresseurs, tous mineurs, ont été arrêtés lundi, trois mois après les faits. La victime, âgée de 26 ans et atteinte de troubles mentaux, a été retrouvée mardi par la police marocaine, après une fugue.
Le gouvernement « réfléchit à comment traiter ce genre de phénomènes pour que ces actes ne se reproduisent plus », a déclaré M. El Othmani, issu du Parti justice et développement (PJD, islamiste) dans une allocution diffusée jeudi. « La stratégie adoptée par le gouvernement dans ce sens sera annoncée au moment opportun », a-t-il assuré.
La ministre islamiste de la Femme, Bassima Hakkaoui, a été critiquée pour sa lenteur à réagir. Elle avait fini par dénoncer mardi un « crime honteux », et promis « d’accélérer l’adoption de la loi de lutte contre les violences » faites aux femmes.
La loi marocaine « condamne le harcèlement des femmes au travail, mais pas dans les espaces publics », avait concédé à l’AFP Mustapha Ramid, ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, lui aussi issu du PJD. Il avait néanmoins assuré qu’un projet de loi incluant pour la première fois le harcèlement dans les lieux publics était en cours d’adoption.
Alors que ni le chauffeur du bus ni les passagers ne sont intervenus pour stopper l’agression, le ministre de la Justice Mohamed Aujjar a exhorté mercredi les procureurs à ouvrir des enquêtes sur les cas de non-dénonciation de crimes.
De nombreux médias marocains tirent la sonnette d’alarme sur le phénomène du harcèlement des femmes dans la rue, déjà remis au coeur du débat début août après la diffusion d’une autre vidéo montrant des jeunes traquer une femme marchant seule.
Modèle de société en faillite, jeunesse livrée à elle-même, système éducatif agonisant, banalisation de la violence… les causes sont multiples de l’avis des observateurs.
Il s’agit d' »un énième incident révélateur de cette violence courante au sein de la société marocaine », relève le chercheur et journaliste Abdellah Tourabi dans une chronique remarquée où il estime que « les jeunes sont victimes de la démission de l’Etat et des parents ».
Douze ans après l’adoption du nouveau code de la famille qui accorde plus de droits aux femmes, celles-ci restent encore victimes de l’hégémonie de l’homme dans les espaces publics, où elles subissent fréquemment insultes et agressions sexistes.
Selon des chiffres officiels, près de deux Marocaines sur trois sont victimes de violences. La violence physique à leur égard est la plus manifeste dans les lieux publics.