Rome, 14 avr 2017 (AFP)

Le pape François a exprimé « la honte » de l’humanité « pour le sang innocent, versé quotidiennement, de femmes, d’enfants, de migrants », dans une prière prononcée à l’issue de la cérémonie du Vendredi Saint devant le Colisée de Rome.
« O Christ, notre unique sauveur, nous nous tournons vers toi aussi cette année avec les yeux abaissés de honte », a murmuré le pape, avant d’énumérer les multiples motifs de cette « honte ».
« Honte pour toutes les images de dévastation, de destruction et de naufrage qui sont devenues ordinaires dans notre vie », a-t-il martelé.
« Honte pour le sang innocent, versé quotidiennement, de femmes, d’enfants, de migrants, et de personnes persécutées pour la couleur de leur peau ou encore pour leur appartenance sociale et ethnique et pour leur foi en toi », a-t-il ajouté, dans une allusion aux martyrs chrétiens.
La semaine sainte, temps fort du calendrier chrétien qui commémore les derniers jours de Jésus, a démarré dimanche dernier par des attentats revendiqués par le groupe Etat islamique (EI) contre deux églises coptes qui ont fait 45 morts en Egypte. L’Eglise copte en Egypte a décidé de limiter les célébrations de Pâques aux messes et demandé un renforcement de la sécurité des églises.
Malgré ce climat d’insécurité, le pape -chef d’une Eglise catholique qui compte près de 1,3 milliard de baptisés dans le monde soit 17,7% de la population- a maintenu son voyage prévu dans le pays les 28 et 29 avril.
Le pape a également fait allusion aux dérives de la pédophilie, parlant de « la honte pour toutes les fois où des évêques, des prêtres et des religieux ont scandalisé et blessé » l’Eglise.
Rassemblés autour de l’immense amphithéâtre Flavien, après avoir passé de strictes contrôles de sécurité, quelques 20.000 fidèles, souvent une bougie à la main, avaient auparavant suivi dans un silence absolu la cérémonie nocturne du Chemin de croix.
Selon la tradition chrétienne, le parcours de la « via Crucis » fait revivre le calvaire de Jésus depuis sa condamnation à mort jusqu’à sa crucifixion, sa mort et sa mise au tombeau.
Les porteurs d’une longue croix grise se sont relayés, marchant au fond du Colisée, puis à l’extérieur de l’amphithéâtre au milieu de la foule. Comme chaque année, le pape a présidé la cérémonie assis sous un dais rouge sur une colline, devant le Colisée illuminé et une grande croix de métal enflammée.
Un couple égyptien et ses trois fillettes ont porté la croix lors de l’une des 14 traditionnelles stations du parcours. La croix a aussi été confiée à des fidèles de deux autres pays où le pape compte se rendre, le Portugal (en mai) et la Colombie (en septembre).
Deux Chinois l’ont également tenue, alors que le Saint-Siège oeuvre à un difficile rapprochement avec leur pays.
Pour la première fois sous le pontificat du pape François, une femme laïque, la bibliste et professeure de lettres française Anne-Marie Pelletier, a écrit le long texte des méditations du Chemin de croix qui a été lu durant le parcours.
Cette cérémonie, à l’instar de tous les grands rassemblements prévus à Rome pour Pâques, avait été placée sous haute surveillance pour prévenir les risques d’attentats.