Bir Lahmer (Tunisie), 23 mai 2017 (AFP)
Des milliers de personnes en colère ont assisté mardi près de Tataouine, dans le sud tunisien, aux funérailles du manifestant tué la veille lors d’affrontements avec les forces de l’ordre à proximité d’un complexe pétrolier.
De leur côté, les autorités ont mis en garde contre un dérapage de la situation dans cette région de Tataouine (500 km de Tunis) où un calme précaire a régné au lendemain de heurts inédits depuis plus d’un an dans le pays.
Selon une journaliste de l’AFP, des milliers de personnes se sont rendues à la mi-journée à Bir Lahmer, la localité d’origine du jeune manifestant tué, à 30 km de Tataouine.
“Avec nos âmes, avec notre sang, nous nous sacrifierons pour le martyr”, ont scandé certains participants en marge des funérailles de Anouar Sakrafi, qui se sont déroulées dans le calme, en l’absence de dispositif policier.
– Postes de police désertés –
Après un mois d’un sit-in motivé par des revendications sociales, ce jeune homme a été tué lundi -“accidentellement” selon les autorités- par un véhicule de la Garde nationale (gendarmerie), à proximité du site pétrolier d’El-Kamour, en plein désert, à deux heures de Tataouine.
La tension y était montée durant le week-end, les forces de l’ordre faisant ensuite usage lundi matin de gaz lacrymogène pour empêcher des protestataires d’entrer dans le complexe, une première depuis que le président Béji Caïd Essebsi a solennellement demandé le 10 mai aux militaires de protéger les sites de production du pays d’éventuels blocages.
Selon un correspondant de l’AFP, aucun nouvel incident n’a été observé mardi à El-Kamour, où des manifestants continuent de réclamer une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires dans les sociétés pétrolières.
Un calme précaire prévalait aussi à Tataouine. Pierres jonchant la chaussée, pneus et quelques édifices calcinés, commerces pour la plupart fermés: la ville gardait toutefois les stigmates des violences survenues là aussi la veille. Tous les postes de police étaient en outre désertés, selon la journaliste de l’AFP sur place.
Les heurts de lundi ont fait des dizaines de blessés, dont une vingtaine de membres des forces de l’ordre. Les postes de la police et de la gendarmerie ont été incendiés.
Dans un pays secoué par de fréquents troubles depuis la chute de la dictature en 2011, il s’agit des événements les plus sérieux depuis janvier 2016.
A l’époque, l’unique pays rescapé du Printemps arabe avait connu sa plus importante contestation sociale depuis la révolution après la mort d’un jeune lors d’une manifestation pour l’emploi à Kasserine, une autre région défavorisée.
Sur les événements de Tataouine, le porte-parole de la Garde nationale, Khalifa Chibani, a dénoncé “des appels à la désobéissance civile (…) et même au coup d’Etat”.
– ‘Virage dangereux’ –
Le ministre de l’emploi Imed Hammami, chargé des négociations sur le dossier, a accusé -sans les nommer- “des candidats à la présidence et des partis en faillite” d’être derrière ces évènements.
D’autres villes du sud -Kébili, Douz, et jusqu’à Gafsa- ont connu des manifestations de soutien ces dernières 24 heures, avec le même mot d’ordre qu’à Tataouine: “on ne lâche rien”.
“Le président (Essebsi) assume la responsabilité après son discours” sur le recours à l’armée “qui a fait prendre au pays un virage dangereux”, a affirmé lors d’une séance au Parlement le député du Front populaire (gauche), Jilani Hammami.
Le gouvernement doit s’attaquer aux problèmes “qui font ressentir aux Tunisiens que rien n’a changé depuis le 14 janvier 2011. Sinon le pire est à craindre”, a pour sa part avancé le quotidien La Presse.
A Tunis, où des manifestations ont eu lieu lundi, certains slogans de la révolution ont ressurgi, dans un contexte où le pouvoir est déjà vivement décrié pour un projet de loi d’amnistie -sous conditions- des faits de corruption.
Dans un communiqué, le collectif “Manich Msamah” (“Je ne pardonne pas”), créé en réaction à ce projet de loi, a réclamé l’ouverture d’une enquête “impartiale” sur le décès de lundi.
Le porte-parole du gouvernement Iyed Dahmani a lui rappelé que la Tunisie était “aujourd’hui un régime démocratique”. Et, “dans toutes les démocraties, il n’y a pas d’autre solution que d’appliquer la loi et de dialoguer avec les manifestants”, a-t-il dit.
De leur côté, les autorités ont mis en garde contre un dérapage de la situation dans cette région de Tataouine (500 km de Tunis) où un calme précaire a régné au lendemain de heurts inédits depuis plus d’un an dans le pays.
Selon une journaliste de l’AFP, des milliers de personnes se sont rendues à la mi-journée à Bir Lahmer, la localité d’origine du jeune manifestant tué, à 30 km de Tataouine.
“Avec nos âmes, avec notre sang, nous nous sacrifierons pour le martyr”, ont scandé certains participants en marge des funérailles de Anouar Sakrafi, qui se sont déroulées dans le calme, en l’absence de dispositif policier.
– Postes de police désertés –
Après un mois d’un sit-in motivé par des revendications sociales, ce jeune homme a été tué lundi -“accidentellement” selon les autorités- par un véhicule de la Garde nationale (gendarmerie), à proximité du site pétrolier d’El-Kamour, en plein désert, à deux heures de Tataouine.
La tension y était montée durant le week-end, les forces de l’ordre faisant ensuite usage lundi matin de gaz lacrymogène pour empêcher des protestataires d’entrer dans le complexe, une première depuis que le président Béji Caïd Essebsi a solennellement demandé le 10 mai aux militaires de protéger les sites de production du pays d’éventuels blocages.
Selon un correspondant de l’AFP, aucun nouvel incident n’a été observé mardi à El-Kamour, où des manifestants continuent de réclamer une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires dans les sociétés pétrolières.
Un calme précaire prévalait aussi à Tataouine. Pierres jonchant la chaussée, pneus et quelques édifices calcinés, commerces pour la plupart fermés: la ville gardait toutefois les stigmates des violences survenues là aussi la veille. Tous les postes de police étaient en outre désertés, selon la journaliste de l’AFP sur place.
Les heurts de lundi ont fait des dizaines de blessés, dont une vingtaine de membres des forces de l’ordre. Les postes de la police et de la gendarmerie ont été incendiés.
Dans un pays secoué par de fréquents troubles depuis la chute de la dictature en 2011, il s’agit des événements les plus sérieux depuis janvier 2016.
A l’époque, l’unique pays rescapé du Printemps arabe avait connu sa plus importante contestation sociale depuis la révolution après la mort d’un jeune lors d’une manifestation pour l’emploi à Kasserine, une autre région défavorisée.
Sur les événements de Tataouine, le porte-parole de la Garde nationale, Khalifa Chibani, a dénoncé “des appels à la désobéissance civile (…) et même au coup d’Etat”.
– ‘Virage dangereux’ –
Le ministre de l’emploi Imed Hammami, chargé des négociations sur le dossier, a accusé -sans les nommer- “des candidats à la présidence et des partis en faillite” d’être derrière ces évènements.
D’autres villes du sud -Kébili, Douz, et jusqu’à Gafsa- ont connu des manifestations de soutien ces dernières 24 heures, avec le même mot d’ordre qu’à Tataouine: “on ne lâche rien”.
“Le président (Essebsi) assume la responsabilité après son discours” sur le recours à l’armée “qui a fait prendre au pays un virage dangereux”, a affirmé lors d’une séance au Parlement le député du Front populaire (gauche), Jilani Hammami.
Le gouvernement doit s’attaquer aux problèmes “qui font ressentir aux Tunisiens que rien n’a changé depuis le 14 janvier 2011. Sinon le pire est à craindre”, a pour sa part avancé le quotidien La Presse.
A Tunis, où des manifestations ont eu lieu lundi, certains slogans de la révolution ont ressurgi, dans un contexte où le pouvoir est déjà vivement décrié pour un projet de loi d’amnistie -sous conditions- des faits de corruption.
Dans un communiqué, le collectif “Manich Msamah” (“Je ne pardonne pas”), créé en réaction à ce projet de loi, a réclamé l’ouverture d’une enquête “impartiale” sur le décès de lundi.
Le porte-parole du gouvernement Iyed Dahmani a lui rappelé que la Tunisie était “aujourd’hui un régime démocratique”. Et, “dans toutes les démocraties, il n’y a pas d’autre solution que d’appliquer la loi et de dialoguer avec les manifestants”, a-t-il dit.