Monrovia, 15 oct 2017 (AFP)

Le vice-président libérien Joseph Boakai, qualifié pour le second tour de l’élection présidentielle face à George Weah, perçu comme l’héritier naturel d’Ellen Johnson Sirleaf, a pris pendant la campagne ses distances avec la Prix Nobel de la paix 2011.
A 72 ans, « Sleepy Joe » (Joe le dormeur), comme on le surnomme parfois pour sa propension à l’assoupissement pendant des cérémonies publiques, est sorti de l’ombre de la présidente sortante, avec laquelle il a été élu sur un « ticket » en 2005 puis réélu en 2011.
« C’est son choix », a-t-il déclaré à l’AFP le 8 octobre, dernier jour de la campagne électorale, interrogé sur l’absence de soutien actif de Mme Sirleaf. « Nous nous sommes débrouillés sans elle », a-t-il ajouté.
« Avec toutes nos ressources, notre potentiel agricole et minier, nous ne devrions pas être dépendants de l’aide étrangère », a-t-il estimé.
En réalité, les commentateurs politiques estiment que M. Boakai lui-même a cherché à se démarquer de la partie la plus contestée du bilan de l’administration sortante, notamment les difficultés économiques vécues par la grande majorité des Libériens et les accusations de corruption, voire de népotisme.
Issu, comme son adversaire du second tour George Weah, de la population « autochtone », et non de l’élite « américano-libérienne » descendante d’esclaves affranchis qui domine le pays depuis sa création, il parle, outre l’anglais, deux langues locales, le kissi et le mende.
Originaire d’un village reculé de la province de Lofa (nord), frontalière de la Guinée et souvent présentée comme le « grenier à blé du pays », il a été ministre de l’Agriculture de 1983 à 1985 sous Samuel Doe, à ce jour le seul président à ne pas appartenir à la minorité « américano-libérienne ».
– ‘Des routes, des routes’ –
En réponse aux interrogations sur ce qu’il pourrait apporter de neuf, après douze ans au pouvoir, il s’est comparé pendant un débat entre candidats à la fin du mois d’août à « une voiture de course laissée au garage », qui ne peut donner toute sa mesure que sur la piste.
Ses adversaires, notamment Alexander Cummings, un ancien dirigeant de Coca-Cola et nouveau venu en politique, n’ont pas manqué de rétorquer qu' »après 12 ans au garage sans bouger, les pièces d’une voiture de course vieillissent, rouillent et ne fonctionnent plus », la rendant « incapable de rivaliser avec les modèles plus récents ».
Mais Joseph Boakai entend montrer à tous qu’il n’est pas encore bon pour la casse et peut perpétuer pour un nouveau mandat de six ans le règne du Unity Party (UP, Parti de l’unité).
« Des routes, des routes, des routes », martèle depuis des mois celui qui se décrit comme un homme d’origine modeste désireux de « rendre au pays ce qu’il lui a donné » et a axé son programme sur les réseaux de transport, pour désenclaver l’ensemble des régions du pays.
Selon sa biographie officielle, il a déjà, à titre personnel, financé à 75% la construction d’une route de 10 km dans sa localité natale et participé à la construction d’une école, d’une clinique et d’un projet d’électrification rurale dans la région.
Titulaire d’un diplôme de gestion, il est marié depuis 45 ans et père de quatre enfants.
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