Haenertsburg (Afrique du Sud), 15 nov 2017 (AFP)
Luca Tooley se pince encore pour y croire. « Nous allons exporter vers les Etats-Unis ! » D’ici peu, le patron de la petite brasserie Zwakala, dans la province sud-africaine du Limpopo (nord-est), espère expédier outre-Atlantique sa première palette de bières.
Comme lui, de plus en plus de petits brasseurs locaux se lancent dans le marché prometteur de la bière artisanale.
Comparé à l’engouement pour la mousse faite main qui bat déjà son plein aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en Allemagne, l’Afrique du Sud a pris du retard.
Le marché de la bière y est dominé par la South African Breweries (SAB). Ses blondes bon marché plaisent autant aux habitants des townships qu’aux consommateurs plus aisés.
La SAB produit encore quatre bières sur cinq vendues dans le pays mais elle doit faire face à la concurrence de plus en plus vive des micro-brasseurs.
Pour se démarquer des géants industriels, ces nouveaux acteurs peuvent compter sur une production à taille humaine et des saveurs qui sortent de l’ordinaire.
D’ici 2025, le marché mondial de la bière artisanale pèsera plus de 500 milliards de dollars, six fois plus qu’en 2015, anticipe la société d’études Grand View Research.
Contrairement aux vins, les bières sud-africaines ne jouissent pas encore d’une reconnaissance internationale. Mais à Zwakala, Luca Tooley ne se laisse pas décourager: il s’apprête à signer un contrat avec le géant sud-africain de la restauration Nando’s pour qu’il propose ses bières dans ses restaurants américains.
« Nous cherchons aussi à exporter nos bières au Zimbabwe, en Zambie et en Chine », explique Luca Tooley, 28 ans, dont le père est le ministre des Finances du gouvernement régional.
– Hipsters –
« Les exportations seront bientôt un gros marché », se réjouit-il. D’ici là, le jeune entrepreneur espère percer sur le marché national, au sein duquel les bières artisanales ne représentant encore qu’une niche haut de gamme.
Seuls 3% des bières vendues en Afrique du Sud sont artisanales. Mais depuis 2013, leurs ventes ont plus que triplé et devraient progresser de 10% à l’horizon 2022, prévoient les industriels du marché. Aux Etats-Unis, ce secteur représente déjà 21% du marché.
Pour se développer, les brasseurs artisanaux comptent sur l’émergence de la classe moyenne noire sud-africaine.
« L’industrie est encore largement composée de hipsters barbus et blancs », explique Tsikwe Molobye, 32 ans, qui dirige la marque Stimela. « Dans des festivals, il m’est arrivé qu’une personne me dise +mais tu es noir, qu’est-ce que tu connais à la bière ?+ »
Tsikwe Molobye rêve de lancer une bière qui plairait à la population noire aisée, une cible encore peu visée par les micro-brasseries qui préfèrent miser sur des concepts décalés pour appâter passionnés ou touristes.
En 2015, l’unique brasserie située dans un aéroport en Afrique a ouvert à Johannesburg. Les bières sont brassées sur place, face aux clients. Chaque mois, près de 3.000 litres d’ale, une bière à fermentation haute, y sont produits.
De son côté, la brasserie Zwakala, située dans la touristique région du Limpopo, attire les visiteurs locaux et internationaux.
« Nous avons pas mal d’Américains et de Néerlandais qui s’arrêtent ici. Ce sont précisément les consommateurs que nous voulons séduire », explique Luca Tooley.
– Concurrence –
Dans la brasserie, Greta Edwards déguste une bière. Son mari l’a invitée à Zwakala pour fêter ses 67 ans. Après quelques gorgées, la Sud-Africaine est emballée. « C’est comme goûter du champagne français plutôt que du vin pétillant ».
Toutes les brasseries ne se valent pas, prévient toutefois Lucy Corne, une blogueuse qui chronique les aléas du secteur de la bière en Afrique du Sud.
« Il y a approximativement 200 brasseries en Afrique du Sud (…) et je ne dépenserai pas mon argent sur les productions de plus de cinquante d’entre elles », met-elle en garde.
Secoués par l’offensive de leurs micro-rivaux, les brasseurs industriels ont vite réagi. En les défiant sur leur propre marché.
Le Néerlandais Heineken a récemment fait l’acquisition de Soweto Gold, une des bières artisanales sud-africaines les plus connues du pays. Et à côté de sa production de blondes classiques, la SAB a développé sa propre ligne artisanale.
Dans une de ses gigantesques usines, le maître brasseur Warren Wiese s’enorgueillit de brasser manuellement trois de ses bières.
« Nos bières sont assez originales pour se démarquer, suffisamment savoureuses pour plaire aux connaisseurs. Et pour les novices, c’est une bonne première étape », argumente-t-il.
Si ces gros producteurs ont les moyens de répondre à ce nouvel engouement, Lucy Corne appelle les petits entrepreneurs à bien réfléchir avant de tenter l’aventure.
« Ceux qui se lancent dans la tendance et se disent +tout le monde ouvre une brasserie artisanale, je vais faire la même chose+ (…) ne survivront pas », met-elle en garde.
gw-cma/pa/bed/jpc/cro
Comme lui, de plus en plus de petits brasseurs locaux se lancent dans le marché prometteur de la bière artisanale.
Comparé à l’engouement pour la mousse faite main qui bat déjà son plein aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en Allemagne, l’Afrique du Sud a pris du retard.
Le marché de la bière y est dominé par la South African Breweries (SAB). Ses blondes bon marché plaisent autant aux habitants des townships qu’aux consommateurs plus aisés.
La SAB produit encore quatre bières sur cinq vendues dans le pays mais elle doit faire face à la concurrence de plus en plus vive des micro-brasseurs.
Pour se démarquer des géants industriels, ces nouveaux acteurs peuvent compter sur une production à taille humaine et des saveurs qui sortent de l’ordinaire.
D’ici 2025, le marché mondial de la bière artisanale pèsera plus de 500 milliards de dollars, six fois plus qu’en 2015, anticipe la société d’études Grand View Research.
Contrairement aux vins, les bières sud-africaines ne jouissent pas encore d’une reconnaissance internationale. Mais à Zwakala, Luca Tooley ne se laisse pas décourager: il s’apprête à signer un contrat avec le géant sud-africain de la restauration Nando’s pour qu’il propose ses bières dans ses restaurants américains.
« Nous cherchons aussi à exporter nos bières au Zimbabwe, en Zambie et en Chine », explique Luca Tooley, 28 ans, dont le père est le ministre des Finances du gouvernement régional.
– Hipsters –
« Les exportations seront bientôt un gros marché », se réjouit-il. D’ici là, le jeune entrepreneur espère percer sur le marché national, au sein duquel les bières artisanales ne représentant encore qu’une niche haut de gamme.
Seuls 3% des bières vendues en Afrique du Sud sont artisanales. Mais depuis 2013, leurs ventes ont plus que triplé et devraient progresser de 10% à l’horizon 2022, prévoient les industriels du marché. Aux Etats-Unis, ce secteur représente déjà 21% du marché.
Pour se développer, les brasseurs artisanaux comptent sur l’émergence de la classe moyenne noire sud-africaine.
« L’industrie est encore largement composée de hipsters barbus et blancs », explique Tsikwe Molobye, 32 ans, qui dirige la marque Stimela. « Dans des festivals, il m’est arrivé qu’une personne me dise +mais tu es noir, qu’est-ce que tu connais à la bière ?+ »
Tsikwe Molobye rêve de lancer une bière qui plairait à la population noire aisée, une cible encore peu visée par les micro-brasseries qui préfèrent miser sur des concepts décalés pour appâter passionnés ou touristes.
En 2015, l’unique brasserie située dans un aéroport en Afrique a ouvert à Johannesburg. Les bières sont brassées sur place, face aux clients. Chaque mois, près de 3.000 litres d’ale, une bière à fermentation haute, y sont produits.
De son côté, la brasserie Zwakala, située dans la touristique région du Limpopo, attire les visiteurs locaux et internationaux.
« Nous avons pas mal d’Américains et de Néerlandais qui s’arrêtent ici. Ce sont précisément les consommateurs que nous voulons séduire », explique Luca Tooley.
– Concurrence –
Dans la brasserie, Greta Edwards déguste une bière. Son mari l’a invitée à Zwakala pour fêter ses 67 ans. Après quelques gorgées, la Sud-Africaine est emballée. « C’est comme goûter du champagne français plutôt que du vin pétillant ».
Toutes les brasseries ne se valent pas, prévient toutefois Lucy Corne, une blogueuse qui chronique les aléas du secteur de la bière en Afrique du Sud.
« Il y a approximativement 200 brasseries en Afrique du Sud (…) et je ne dépenserai pas mon argent sur les productions de plus de cinquante d’entre elles », met-elle en garde.
Secoués par l’offensive de leurs micro-rivaux, les brasseurs industriels ont vite réagi. En les défiant sur leur propre marché.
Le Néerlandais Heineken a récemment fait l’acquisition de Soweto Gold, une des bières artisanales sud-africaines les plus connues du pays. Et à côté de sa production de blondes classiques, la SAB a développé sa propre ligne artisanale.
Dans une de ses gigantesques usines, le maître brasseur Warren Wiese s’enorgueillit de brasser manuellement trois de ses bières.
« Nos bières sont assez originales pour se démarquer, suffisamment savoureuses pour plaire aux connaisseurs. Et pour les novices, c’est une bonne première étape », argumente-t-il.
Si ces gros producteurs ont les moyens de répondre à ce nouvel engouement, Lucy Corne appelle les petits entrepreneurs à bien réfléchir avant de tenter l’aventure.
« Ceux qui se lancent dans la tendance et se disent +tout le monde ouvre une brasserie artisanale, je vais faire la même chose+ (…) ne survivront pas », met-elle en garde.
gw-cma/pa/bed/jpc/cro