Paris (AFP)
Depuis des années, il fait glousser toute l’Afrique francophone avec sa satire pince-sans-rire de la « République très très démocratique du Gondwana ». Mais méfiance, le « Gondwana est partout », confie l’humoriste nigérien Mamane, l’œil qui frise.
Avec son « président-fondateur » cramponné au pouvoir, son sous-développement chronique, ses routes défoncées, le Gondwana « c’est un pays imaginaire dans lequel tous les Africains peuvent se reconnaître », explique Mamane dans un entretien accordé à l’AFP.
Neuf ans que ce natif du Niger – qui a bourlingué un peu partout en Afrique au gré des affectations de son père diplomate et vit désormais entre Abidjan, Marrakech et Paris – épingle les travers du continent dans une chronique quotidienne sur Radio France Internationale.
« J’ai commencé la veille de l’investiture du président Barack Obama. Lui il a fini ses deux mandats mais moi, en bon président africain, je continue », ironise cet humoriste au visage fin et au calme olympien.
Après la scène, la radio, et la télé avec une émission hebdomadaire sur Canal+ Afrique, le voilà sur grand écran avec « Bienvenue au Gondwana », un film qui sort mercredi en France et dans une dizaine de pays africains.
L’occasion rêvée pour cet éternel jeune homme de 50 ans de démonter les ressorts d’une « supercherie dont sont victimes les peuples africains »: les élections biaisées.
Le film suit une mission d’observateurs électoraux qui débarque au Gondwana – dont la devise est « Loyauté-Allégeance-Prison » – pour surveiller un scrutin dont l’issue ne fait guère de doute.
Et tout le monde en prend pour son grade: l’invisible président-fondateur prêt à tout pour s’assurer un énième mandat, les opposants – incompétents ou achetés par le pouvoir – et les observateurs internationaux – naïfs, cyniques ou impuissants.
« Les vrais héros de ce film, c’est la jeunesse africaine qui – à l’instar du mouvement Y’en a marre au Sénégal ou du Balai citoyen au Burkina Faso – a vraiment décidé de ne plus se laisser voler son avenir », souligne Mamane.
La ferveur de cette société civile « qui se lève et qui manifeste » se révèle dans la belle scène d’un concert clandestin du maître ivorien du reggae Tiken Jah Fakoly. Repris en choeur par le public, le refrain « Quitte le pouvoir » fait danser jusque dans les villages ou les bidonvilles, magie des réseaux sociaux.
– entre comédie et ironie douce-amère –
A l’image du duo d’hommes de main du président, mi-comique mi-inquiétant, inspiré des romans de Chester Himes et formé par les acteurs Michel Gohou et Digbeu Cravate, stars de l’Afrique de l’ouest, le film oscille entre comédie et ironie douce-amère.
« L’humour c’est un peu comme les médicaments qu’on donne aux enfants. C’est sucré, c’est sous forme de sirop, c’est agréable mais le principe actif est là. On enrobe derrière une blague pour dire des choses et ça passe sans blesser, sans choquer ceux qui écoutent », explique Mamane.
Sa ligne de conduite: « Pas d’attaque ad hominem » mais une critique sans concession « des actes de ceux qui nous dirigent ».
Porté par des acteurs venus des quatre coins du Continent, ce film, « c’est vraiment toute l’Afrique » avec « tout un panel d’accents et beaucoup d’humours différents », souligne Mamane, célèbre lui pour son humour à froid.
« Nous les Nigériens on est un peu les British ou les Scandinaves de l’Afrique. Il fait chaud et quand le climat est rude, on est un peu en dedans », plaisante-t-il.
Ces rires africains se croisent chaque année début décembre à Abidjan, bombardée « Capitale du rire » pour un festival d’humoristes venus de toute l’Afrique, créé par Mamane en 2015.
Mais « le Gondwana, ce n’est pas que l’Afrique », souligne l’humoriste.
« C’est un pays qui flotte au gré de l’actualité. Et aujourd’hui quand on dit manque de démocratie, manque de liberté d’expression, népotisme, détournements de fonds, emplois fictifs, on ne voit pas tout de suite la tête d’un Africain », relève-t-il.
« On peut voir François Fillon, un bon Gondwanais, ou François Mitterrand avec son côté suzerain, avec toutes ses femmes, c’est le président fondateur. Et aujourd’hui le président fondateur du monde entier, c’est Donald Trump ! ».
Bref, « on est tous Gondwanais, comme dirait Kennedy ».
Avec son « président-fondateur » cramponné au pouvoir, son sous-développement chronique, ses routes défoncées, le Gondwana « c’est un pays imaginaire dans lequel tous les Africains peuvent se reconnaître », explique Mamane dans un entretien accordé à l’AFP.
Neuf ans que ce natif du Niger – qui a bourlingué un peu partout en Afrique au gré des affectations de son père diplomate et vit désormais entre Abidjan, Marrakech et Paris – épingle les travers du continent dans une chronique quotidienne sur Radio France Internationale.
« J’ai commencé la veille de l’investiture du président Barack Obama. Lui il a fini ses deux mandats mais moi, en bon président africain, je continue », ironise cet humoriste au visage fin et au calme olympien.
Après la scène, la radio, et la télé avec une émission hebdomadaire sur Canal+ Afrique, le voilà sur grand écran avec « Bienvenue au Gondwana », un film qui sort mercredi en France et dans une dizaine de pays africains.
L’occasion rêvée pour cet éternel jeune homme de 50 ans de démonter les ressorts d’une « supercherie dont sont victimes les peuples africains »: les élections biaisées.
Le film suit une mission d’observateurs électoraux qui débarque au Gondwana – dont la devise est « Loyauté-Allégeance-Prison » – pour surveiller un scrutin dont l’issue ne fait guère de doute.
Et tout le monde en prend pour son grade: l’invisible président-fondateur prêt à tout pour s’assurer un énième mandat, les opposants – incompétents ou achetés par le pouvoir – et les observateurs internationaux – naïfs, cyniques ou impuissants.
« Les vrais héros de ce film, c’est la jeunesse africaine qui – à l’instar du mouvement Y’en a marre au Sénégal ou du Balai citoyen au Burkina Faso – a vraiment décidé de ne plus se laisser voler son avenir », souligne Mamane.
La ferveur de cette société civile « qui se lève et qui manifeste » se révèle dans la belle scène d’un concert clandestin du maître ivorien du reggae Tiken Jah Fakoly. Repris en choeur par le public, le refrain « Quitte le pouvoir » fait danser jusque dans les villages ou les bidonvilles, magie des réseaux sociaux.
– entre comédie et ironie douce-amère –
A l’image du duo d’hommes de main du président, mi-comique mi-inquiétant, inspiré des romans de Chester Himes et formé par les acteurs Michel Gohou et Digbeu Cravate, stars de l’Afrique de l’ouest, le film oscille entre comédie et ironie douce-amère.
« L’humour c’est un peu comme les médicaments qu’on donne aux enfants. C’est sucré, c’est sous forme de sirop, c’est agréable mais le principe actif est là. On enrobe derrière une blague pour dire des choses et ça passe sans blesser, sans choquer ceux qui écoutent », explique Mamane.
Sa ligne de conduite: « Pas d’attaque ad hominem » mais une critique sans concession « des actes de ceux qui nous dirigent ».
Porté par des acteurs venus des quatre coins du Continent, ce film, « c’est vraiment toute l’Afrique » avec « tout un panel d’accents et beaucoup d’humours différents », souligne Mamane, célèbre lui pour son humour à froid.
« Nous les Nigériens on est un peu les British ou les Scandinaves de l’Afrique. Il fait chaud et quand le climat est rude, on est un peu en dedans », plaisante-t-il.
Ces rires africains se croisent chaque année début décembre à Abidjan, bombardée « Capitale du rire » pour un festival d’humoristes venus de toute l’Afrique, créé par Mamane en 2015.
Mais « le Gondwana, ce n’est pas que l’Afrique », souligne l’humoriste.
« C’est un pays qui flotte au gré de l’actualité. Et aujourd’hui quand on dit manque de démocratie, manque de liberté d’expression, népotisme, détournements de fonds, emplois fictifs, on ne voit pas tout de suite la tête d’un Africain », relève-t-il.
« On peut voir François Fillon, un bon Gondwanais, ou François Mitterrand avec son côté suzerain, avec toutes ses femmes, c’est le président fondateur. Et aujourd’hui le président fondateur du monde entier, c’est Donald Trump ! ».
Bref, « on est tous Gondwanais, comme dirait Kennedy ».