Tripoli, 19 mai 2017 (AFP)

L’ONU a déploré un « nombre important de morts » dans une attaque contre une base militaire contrôlée par des forces loyales au maréchal Khalifa Haftar dans le sud de la Libye, qui risque de raviver les conflits qui déchirent le pays.
Selon des sources militaires, la 3e Force, un puissant groupe armé de la ville de Misrata, officieusement loyal au gouvernement d’union nationale (GNA), a mené jeudi une attaque contre la base aérienne de Brak al-Shati (sud) contrôlée par l’Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée par le maréchal Haftar.
Il n’était pas possible dans l’immédiat d’obtenir un bilan des victimes de source indépendante. Mais des médias libyens ont fait état de plus de 60 morts.
« Je suis indigné par des informations sur un nombre important de morts, y compris des civils, et des rapports selon lesquels des exécutions sommaires auraient pu avoir lieu », a réagi M. Kobler dans un communiqué.
La base de Brak al-Shati est située à 650 km au sud de Tripoli, dans une région désertique et marginalisée, où l’Etat est quasiment absent depuis que la Libye est plongée dans le chaos à la suite de la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011.
Des affrontements réguliers y opposent des milices et des tribus pour le contrôle de toute sorte de trafics très lucratifs avec le Tchad, le Niger et le Soudan voisins.
Le GNA et le ministère de la Défense ont condamné, dans deux communiqués, l’attaque de jeudi, affirmant ne pas avoir donné d’ordres en ce sens.
Selon le GNA, une enquête a été ouverte « pour déterminer les circonstances » de l’incident et « sanctionner ceux qui prétendent appartenir au GNA ».
« Dégoûté par l’attaque contre Brak al-Shati et les rapports sur des exécutions de masse. Les auteurs doivent être traduits en justice », a écrit de son côté l’ambassadeur britannique en Libye Peter Millett sur son compte Twitter.
– ‘Attaque terroriste’ –
Homme fort de l’est libyen, le maréchal Haftar est appuyé par le Parlement élu basé à Tobrouk (est), hostile comme lui au GNA issu d’un accord interlibyen signé fin 2015 au Maroc sous l’égide de l’ONU.
Une récente rencontre à Abou Dhabi entre le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, et le maréchal Haftar, a permis un timide rapprochement entre les deux hommes qui ont convenu d’arrêter l’escalade militaire dans le sud.
Depuis le début du mois d’avril, les forces loyales à Haftar ont mené plusieurs attaques contre la base aérienne de Tamenhant contrôlée par la 3e Force.
Cette base située près de la ville de Sebha, à plus de 600 km au sud de Tripoli, est convoitée pour sa position stratégique.
Mais après sa rencontre avec M. Sarraj, M. Haftar a suspendu son offensive dans le sud.
Aguila Saleh, le président du parlement élu, a condamné « l’attaque terroriste perpétrée par les milices de la 3ème Force et par ses alliés », y voyant « une violation grave de l’accord de trêve conclu à Abou Dhabi ».
M. Saleh a indiqué avoir donné ses directives aux forces armées afin qu’elles prennent les mesures nécessaires pour riposter à cette offensive et à défendre le sud et le nettoyer de toutes les milices hors-la-loi ».
Le GNA a appelé de son côté à un « cessez-le-feu immédiat dans le sud »: « nous avons toujours l’espoir que la raison l’emporte et que s’arrêtent l’escalade et la provocation ».
Le ministère de la Défense du GNA en a fait endosser la responsabilité à « ceux qui ont commencé par bombarder la base de Temenhant avec des avions et des chars », en allusion au forces du maréchal Haftar.
Le GNA, mis en place aux termes d’un accord négocié sous l’égide de l’ONU, s’est installé en mars 2016 à Tripoli mais son autorité est contesté par le parlement.
Le GNA peine également à contrôler des dizaines de milices dans l’ouest du pays qui affirment leur appartenance aux forces du GNA mais qui demeurent hors tout contrôle.