Bamako (AFP)


Quelque 2.000 Maliens ont manifesté samedi à Bamako contre le projet de révision de la Constitution, à la veille d’un sommet du G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad), en présence du président français Emmanuel Macron.
Cette manifestation non autorisée, officiellement en raison du sommet et de l’état d’urgence, a réuni moins de participants que les précédentes, tenues avant le report sine die du référendum, initialement prévu le 9 juillet, selon les correspondants de l’AFP.
Les organisateurs ont revendiqué une mobilisation de 10.000 personnes samedi. Lors du rassemblement du 17 juin, quatre jours avant l’annonce du report, ils avaient fait état de plusieurs centaines de milliers de manifestants, tandis qu’une source policière évoquait une dizaine de milliers.
Sur les banderoles on pouvait lire: « Touche pas à ma Constitution », « Non, c’est non » et « Non au référendum ». Parmi les manifestants, en casquettes et tee-shirts rouges, beaucoup tenaient en main des cartons rouges.
Cette révision, la première depuis 25 ans, vise notamment à mettre en œuvre certains engagements de l’accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l’ex-rébellion à dominante touareg du Nord et prévoit la création d’un Sénat et d’une Cour des comptes. Mais ses détracteurs lui reprochent de conférer trop de pouvoirs au président.
Le collectif « Touche pas à ma Constitution » ne se satisfait pas du report du référendum et réclame le retrait du projet.
« Une bonne partie du Mali est occupée. C’est plus urgent de libérer le pays que d’organiser ce référendum », a déclaré à l’AFP, Moussa Keïta, du mouvement « Trop c’est trop », en référence à la présence jihadiste dans le nord et le centre.
Plusieurs dirigeants de l’opposition ont participé à la manifestation, dont les anciens Premiers ministres Modibo Sidibé et Zoumana Sacko, ainsi que des syndicalistes.
« Nous sommes venus encore une fois demander le retrait du projet de référendum. Il y a plus urgent », a déclaré à l’AFP la présidente du collectif « Touche pas à ma Constitution », Sy Kadiatou Sow.
Ousmane Diallo, jeune chômeur, a expliqué à l’AFP l’affluence réduite par le fait que que le « pouvoir a découragé les Maliens de participer à l’événement » en n’autorisant pas le rassemblement, qui s’est déroulé sans incident ni présence des forces de l’ordre.
Le précédent scrutin au Mali, les élections municipales, avait dû être reporté à plusieurs reprises, pour finalement se tenir en novembre 2016 sur une partie seulement du territoire en raison des violences dans le pays.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature de l’accord de paix. Depuis 2015, ces attaques se sont étendues dans le centre et dans le Sud et le phénomène gagne les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.
Le sommet de dimanche doit marquer le lancement d’une force conjointe du G5 Sahel dont le déploiement doit d’abord se concentrer sur les confins de ces trois pays.