Al Hoceima (Maroc), 5 mai 2017 (AFP)
“Hirak” (“la mouvance”): six mois après la mort effroyable à Al-Hoceïma (nord) d’un vendeur de poisson broyé par une benne à ordure, la contestation dans le Rif marocain a désormais un nom.
“Ça dure, et le mouvement s’est étendu à toutes les communes de la province”, observe un responsable associatif.
L’indignation suscitée par l’affaire a tourné au “séisme social” -selon la presse locale- dans cette région montagneuse enclavée sur la côte méditerranéenne, à la forte identité berbère et marquée par son passé contestataire.
“L’hirak est fort!”, clame Nasser Zefzafi, devenu au fil des rassemblements et de ses harangues sur Facebook le leader de la contestation. “Cela fait six mois que nous résistons, malgré les embûches et les manoeuvres de l’Etat pour nous affaiblir. Et nous résisterons jusqu’à ce qu’il réponde à nos revendications sur le développement économique et social de notre région”, promet ce chômeur de 39 ans.
Ville de 60.000 habitants, aux blocs d’immeubles accrochés à la montagne et dont la place centrale surplombe la Méditerranée, Al-Hoceïma affiche une apparence de normalité, si ce n’était la forte présence de la police, en uniforme comme en civil.
La région, souffrant déjà d’un enclavement naturel, est économiquement sinistrée: l’argent de la diaspora n’arrive plus, la production de cannabis est davantage réprimée, la contrebande vers les enclaves espagnoles en perte de vitesse. La pêche, grande richesse du Rif, est en crise.
Autant de facteurs qui accentuent le sentiment de relégation et la défiance envers l’Etat dans une région traditionnellement frondeuse, où l’on brandit en étendard les couleurs berbères ou le drapeau de l’éphémère république du Rif, proclamée en 1922 par le vainqueur du colon espagnol Abdelkrim el-Khattabi.
– ‘Notre identité’ –
“Le drapeau du Rif, c’est notre identité, un patrimoine de notre région”, assure Fayçal Aoussar, militant local de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), en réponse aux accusations de séparatisme, “de vieilles rengaines pour décrédibiliser le mouvement”.
A Al-Hoceïma il y a eu les grandes marches rassemblant des milliers de personnes, dont la dernière date du 9 avril. Les fins de semaine annoncent désormais leur lot de rassemblements, que les forces de l’ordre encadrent immédiatement ou empêchent de se déplacer vers le centre de la ville.
A l’exception notable d’une marche lycéenne qui a dégénéré fin mars, les manifestations sont pacifiques. Avec toujours les mêmes demandes: du travail, des routes, des universités, des hôpitaux, des investissements…
“Les revendications de ces jeunes sont justes et légitimes, tout le Rif les soutient”, estime M. Aoussar. “Le mouvement va continuer, tant que les problèmes sociaux et économiques ne seront pas résolus”.
“Ce mouvement (…) résonne aux oreilles de beaucoup du fait de la crise économique, notamment chez les commerçants et les pêcheurs”, analyse le responsable associatif. “Il n’y a plus rien ici. Plus d’argent, plus de boulot!”, et pas d’autre choix que l’émigration, se lamentent des habitants interrogés par l’AFP.
– Soutien de la diaspora –
Le rôle de la diaspora fait débat. Des associations basées en Europe téléguideraient la contestation, selon Rabat. Rejetant “toute ingérence étrangère”, les partisans du “hirak” se targuent cependant sans complexe du soutien de la diaspora.
L’Etat a semble-t-il pris la mesure de la colère, mais peine à répondre à l’avalanche de revendications et à l’intransigeance de la “mouvance”. Le gouverneur a été limogé fin mars, les visites ministérielles se succèdent, une pluie de projets a été relancée.
“Il faut aller de l’avant”, plaide un responsable local, Nourredine Boughrane, qui assure que la “situation est normale dans la province”, où “les institutions font leur travail à l’écoute des citoyens”.
“De très nombreux projets sont en cours (…). Nous faisons tout pour attirer les investisseurs. Il y aura des aides directes pour les pêcheurs”, énumère-t-il, voulant croire que “la province a un avenir prometteur”.
“Les autorités bougent, mais c’est insuffisant. Il faudrait des résultats immédiats pour désamorcer la fronde. Et fournir du travail aux gens”, juge un notable. “A court terme, il n’y a pas d’autre solution que le dialogue”, souligne cette personnalité, inquiète de la tentation de l’Etat d’essayer “d’isoler le mouvement, ce qui ne fera qu’alimenter la contestation”.
“Ça dure, et le mouvement s’est étendu à toutes les communes de la province”, observe un responsable associatif.
L’indignation suscitée par l’affaire a tourné au “séisme social” -selon la presse locale- dans cette région montagneuse enclavée sur la côte méditerranéenne, à la forte identité berbère et marquée par son passé contestataire.
“L’hirak est fort!”, clame Nasser Zefzafi, devenu au fil des rassemblements et de ses harangues sur Facebook le leader de la contestation. “Cela fait six mois que nous résistons, malgré les embûches et les manoeuvres de l’Etat pour nous affaiblir. Et nous résisterons jusqu’à ce qu’il réponde à nos revendications sur le développement économique et social de notre région”, promet ce chômeur de 39 ans.
Ville de 60.000 habitants, aux blocs d’immeubles accrochés à la montagne et dont la place centrale surplombe la Méditerranée, Al-Hoceïma affiche une apparence de normalité, si ce n’était la forte présence de la police, en uniforme comme en civil.
La région, souffrant déjà d’un enclavement naturel, est économiquement sinistrée: l’argent de la diaspora n’arrive plus, la production de cannabis est davantage réprimée, la contrebande vers les enclaves espagnoles en perte de vitesse. La pêche, grande richesse du Rif, est en crise.
Autant de facteurs qui accentuent le sentiment de relégation et la défiance envers l’Etat dans une région traditionnellement frondeuse, où l’on brandit en étendard les couleurs berbères ou le drapeau de l’éphémère république du Rif, proclamée en 1922 par le vainqueur du colon espagnol Abdelkrim el-Khattabi.
– ‘Notre identité’ –
“Le drapeau du Rif, c’est notre identité, un patrimoine de notre région”, assure Fayçal Aoussar, militant local de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), en réponse aux accusations de séparatisme, “de vieilles rengaines pour décrédibiliser le mouvement”.
A Al-Hoceïma il y a eu les grandes marches rassemblant des milliers de personnes, dont la dernière date du 9 avril. Les fins de semaine annoncent désormais leur lot de rassemblements, que les forces de l’ordre encadrent immédiatement ou empêchent de se déplacer vers le centre de la ville.
A l’exception notable d’une marche lycéenne qui a dégénéré fin mars, les manifestations sont pacifiques. Avec toujours les mêmes demandes: du travail, des routes, des universités, des hôpitaux, des investissements…
“Les revendications de ces jeunes sont justes et légitimes, tout le Rif les soutient”, estime M. Aoussar. “Le mouvement va continuer, tant que les problèmes sociaux et économiques ne seront pas résolus”.
“Ce mouvement (…) résonne aux oreilles de beaucoup du fait de la crise économique, notamment chez les commerçants et les pêcheurs”, analyse le responsable associatif. “Il n’y a plus rien ici. Plus d’argent, plus de boulot!”, et pas d’autre choix que l’émigration, se lamentent des habitants interrogés par l’AFP.
– Soutien de la diaspora –
Le rôle de la diaspora fait débat. Des associations basées en Europe téléguideraient la contestation, selon Rabat. Rejetant “toute ingérence étrangère”, les partisans du “hirak” se targuent cependant sans complexe du soutien de la diaspora.
L’Etat a semble-t-il pris la mesure de la colère, mais peine à répondre à l’avalanche de revendications et à l’intransigeance de la “mouvance”. Le gouverneur a été limogé fin mars, les visites ministérielles se succèdent, une pluie de projets a été relancée.
“Il faut aller de l’avant”, plaide un responsable local, Nourredine Boughrane, qui assure que la “situation est normale dans la province”, où “les institutions font leur travail à l’écoute des citoyens”.
“De très nombreux projets sont en cours (…). Nous faisons tout pour attirer les investisseurs. Il y aura des aides directes pour les pêcheurs”, énumère-t-il, voulant croire que “la province a un avenir prometteur”.
“Les autorités bougent, mais c’est insuffisant. Il faudrait des résultats immédiats pour désamorcer la fronde. Et fournir du travail aux gens”, juge un notable. “A court terme, il n’y a pas d’autre solution que le dialogue”, souligne cette personnalité, inquiète de la tentation de l’Etat d’essayer “d’isoler le mouvement, ce qui ne fera qu’alimenter la contestation”.