Rabat, 11 août 2017 (AFP)

La situation s’est de nouveau tendue dans la ville d’Al-Hoceïma, épicentre d’un mouvement de contestation dans la région marocaine du Rif (nord), où les appels à manifester se multiplient après la mort d’un manifestant mardi des suites de ses blessures.
« La crise du Rif revient à zéro », résume vendredi le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum, qui fait état de nouveaux heurts entre manifestants et forces de l’ordre, alors que la situation s’était relativement apaisée ces dernières semaines.
Au coeur des crispations, le décès mardi d’Imad Atabi, qui était plongé dans le coma depuis sa blessure à la tête le 20 juillet, lors d’affrontements dans la ville d’Al-Hoceïma.
La nature de sa blessure à la tête n’a jamais été précisée de source officielle, mais les membres du mouvement de contestation ont affirmé qu’il avait été touché par une grenade lacrymogène tirée par les forces de l’ordre.
Qualifié de « martyr » par les membres du « Hirak », nom donné localement au mouvement de contestation, et par des associations de défense des droits de l’Homme, il est le premier manifestant mort suite à des heurts avec les forces de l’ordre depuis que les protestations ont débuté en octobre dernier.
Les manifestants dénoncent la « marginalisation » de leur région.
Ses funérailles se sont déroulés mercredi dans une « ambiance électrique », laissant place à un sit-in et des affrontements entre police et manifestants », a rapporté le site du magazine marocain TelQuel.
Des membres du « Hirak » ont appelé à une manifestation vendredi soir à Al-Hoceïma, à la mémoire du manifestant décédé, alors que de nouvelles arrestations dans les rangs du mouvement ont été enregistrées.
« Le +Hirak+ a désormais un martyr, un leader, des détenus, des symboles et un cahier revendicatif », décrypte vendredi le journal Akhbar Al Yaoum, qui évoque un « sentiment d’injustice » cette région.
La tension était descendue d’un cran fin juillet après le retrait des forces de l’ordre du centre d’Al-Hoceïma, puis avec la grâce accordée fin juillet par le roi du Maroc à une quarantaine de détenus du mouvement, sur plus de 150 personnes incarcérées.
Par ailleurs, un juge d’instruction a annoncé vendredi la fin de l’enquête sur le leader du mouvement Nasser Zefzafi et de ses compagnons.
Alors qu’une partie de la presse a affirmé que le Procureur du roi a requis la prison à perpétuité ou la peine capitale, un leurs avocats, Rachid Benali, a démenti à l’AFP ces informations et affirmé que les actes d’accusation n’ont pas encore été déposés.