Casablanca (Maroc), 23 août 2017 (AFP)

Près de 300 personnes ont manifesté mercredi à Casablanca pour dénoncer l’agression sexuelle collective dont a été victime une jeune femme dans la métropole économique du Maroc, une affaire qui a profondément choqué l’opinion publique.
« L’habit ne fait pas le viol! Nous n’avons pas peur! Libérez l’espace public! », a scandé la foule réunie sur une place centrale de la ville.
Dans une vidéo diffusée dimanche sur les réseaux sociaux, on voit un groupe d’adolescents hilares bousculer violemment une jeune femme en pleurs dans un bus en plein jour, essayant de la déshabiller et touchant ses parties intimes. Les six agresseurs, tous mineurs, ont été arrêtés.
« Personne ne peut rester indifférent (…) ça nous concerne tous », a lancé Fatym Layachi, chroniqueuse et metteur en scène présente parmi les manifestants.
« Il se trouve que ce drame a été filmé, on en a entendu parler. Je n’ose même pas imaginer le nombre de drames similaires qui se passent tous les jours dans les bus ou ailleurs dans les lieux publics. Il faut que ça cesse », a-t-elle poursuivi.
Depuis la diffusion de la vidéo, de nombreux médias locaux tirent la sonnette d’alarme sur le harcèlement des femmes dans la rue, avec en toile de fond une « crise des valeurs » dans une société tiraillée entre modernité et conservatisme.
« Je me sens concernée parce que j’aurais pu être cette fille », a confié à l’AFP Oum, chanteuse marocaine populaire et engagée. « Je suis ici pour dire qu’on doit mieux éduquer nos enfants », lance-t-elle, coiffée d’un turban, lunettes de soleil sur le nez.
« Les lois pour les hommes, le viol pour les femmes », s’est encore époumonée la foule.
Pour Salah El Ouadie, poète et président du mouvement Damir (conscience), « il y a un grand danger aujourd’hui, c’est la banalisation de ces crimes, des viols contre des femmes dans l’espace public ».
« Nous avons besoin que les pouvoirs publics prennent la chose au sérieux, au niveau sécuritaire mais également au niveau du rôle de l’école », a-t-il estimé.
A Rabat, un sit-in similaire a réuni près de 200 personnes.
Dans un pays qui se veut, selon les discours officiels, chantre d’un islam tolérant et où les femmes n’ont pas l’obligation de porter le voile, les femmes subissent fréquemment insultes, remarques désobligeantes et autres agressions sexistes dans les espaces publics.
Selon les chiffres officiels, près de deux Marocaines sur trois sont victimes de violences. Et les lieux publics sont les endroits où la violence physique à leur égard est la plus manifeste.
La loi marocaine « condamne le harcèlement des femmes au travail, mais pas dans les espaces publics », avait concédé à l’AFP Mustapha Ramid, ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, assurant qu’un projet de loi « complet » incluant pour la première fois le harcèlement dans les lieux publics, était en cours d’adoption au Parlement.