Nouakchott, 9 sept 2017 (AFP)

Des militants antiesclavagistes américains ont été refoulés de Mauritanie vendredi après leur arrivée à l’aéroport de Nouakchott, a-t-on appris auprès d’une ONG antiesclavagiste mauritanienne et de l’ambassade des Etats-Unis.
Les autorités mauritaniennes ont refusé d’octroyer des visas d’entrée en Mauritanie à une douzaine de militants abolitionnistes américains à leur arrivée dans la capitale mauritanienne, a affirmé à l’AFP Sneiba El Kory, un responsable de SOS Esclaves, une organisation antiesclavagiste mauritanienne.
Les visas d’entrée sur le territoire mauritanien devaient être délivrés à l’aéroport de Nouakchott.
L’esclavage a officiellement été aboli en 1981 en Mauritanie, mais certaines pratiques d’asservissement perdurent dans ce pays.
Les militants antiesclavagistes américains sont repartis de Nouakchott vendredi soir à bord d’un vol d’une compagnie européenne, après avoir attendu pendant plusieurs heures à l’aéroport, a indiqué à l’AFP une source de sécurité mauritanienne, sans plus de détail.
« Le gouvernement américain est déçu et préoccupé par la décision de refus d’entrée sur le territoire de Mauritanie essuyée par la délégation d’abolitionnistes » américains, a déclaré l’ambassade des Etats-Unis dans un communiqué publié vendredi soir.
Les autorités mauritaniennes n’avaient pas réagi vendredi soir.
« Ce refus d’octroi de visa confirme que le gouvernement mauritanien a des choses à cacher en matière d’esclavage », a déclaré le vice-président de SOS Esclaves, Ahmed Ould Weddia.
Les militants antiesclavagistes américains devaient séjourner du 8 au 15 septembre en Mauritanie dans le cadre d’un voyage organisé par un institut abolitionniste basé à Chicago et par le mouvement Arc-en-ciel (Rainbow/PUSH Coalition) du pasteur Jesse Jackson, un des principaux responsables de la communauté noire aux Etats-Unis.
Ce séjour visait à « renforcer le partenariat entre les leaders américains et mauritaniens qui travaillent pour mettre fin à l’esclavage et d’en savoir plus sur les efforts courageux des autorités mauritaniennes pour éradiquer l’esclavage et ses séquelles », affirmait l’institut basé à Chicago dans un communiqué publié jeudi.
Les militants antiesclavagistes américains devaient rencontrer durant leur séjour en Mauritanie des responsables mauritaniens et de l’ambassade des Etats-Unis à Nouakchott et des représentants de la société civile mauritanienne.
La persistance de pratiques d’asservissement en Mauritanie est dénoncée avec véhémence par les ONG.
La situation a néanmoins évolué récemment, avec l’adoption en août 2015 d’une nouvelle loi faisant de l’esclavage un « crime contre l’humanité » réprimé par des peines allant jusqu’à 20 ans de prison, contre cinq à dix ans auparavant.