Kano (Nigeria), 23 mai 2017 (AFP)

Les députés de l’Etat de Kano ont suspendu une enquête parlementaire ouverte contre leur émir, une des figures traditionnelles les plus influentes du Nigeria, mettant fin à des accusations d’abus de biens sociaux qui auraient pu lui coûter sa stature royale.
Le président de la Chambre des députés de l’Etat de Kano, Kabiru Alhassan Rurum, a révélé lundi aux élus que l’enquête commandée par le gouverneur de l’Etat visant l’émir Muhammadu Sanusi II était suspendue pour une durée indéterminée.
Lisant une lettre écrite par le gouverneur Abdullahi Umar Ganduje, le président de l’assemblée a expliqué que cela faisait suite à “l’intervention de personnalités importantes sur la question”. “Ainsi, j’appelle les honorables membres de cette Chambre à cesser leur investigation, pour le bien de notre Etat”, a lu M. Rurum.
Selon lui, le vice-président Yemi Osinbajo, mais aussi Aliko Dangote, homme d’affaires milliardaire ainsi que l’ancien chef d’Etat, le général Ibrahim Babangida, font partie des personnes qui ont fait pression pour interrompre les potentielles poursuites.
Les 40 députés locaux ont accepté cette demande à l’unanimité mardi, un jour avant la date de rendu du rapport de la commission parlementaire.
Il y a quinze jours, le parlement de Kano a mis en place un comité chargé d’examiner huit allégations visant l’émir, qui portent notamment sur un “détournement de fonds appartenant au conseil de l’émirat”. Outre les détournements de fonds, l’émir est accusé de “poser d’étranges problèmes religieux et de s’engager en politique”.
Début mai, l’agence anti-corruption de l’Etat de Kano avait déjà annoncé qu’elle enquêtait sur le conseil de l’émirat – l’équivalent d’une cour royale – financé par des fonds publics.
Ses enquêteurs se focalisaient sur des dépenses de 6 milliards de nairas (17 million d’euros) pour acheter des voitures de luxe, affréter des avions, payer des factures de téléphone et d’internet ainsi que d’autres frais personnels. Le conseil de l’émirat a nié les allégations.
Les partisans de l’émir, qui, avant sa nomination en 2014 était gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, affirment que ces accusations visent à le discréditer.
Dans l’Etat de Kano, où la charia a été réintroduite en 2000, l’émir n’hésite pas à remettre en question des dogmes. Il ne dispose en théorie d’aucun pouvoir politique, mais exerce une grande influence, n’hésitant pas à rompre avec la tradition en se prononçant pour la nécessité de réformes sociales et religieuses.