Kano (Nigeria), 11 août 2017 (AFP)
Les Nations unies ont dénoncé une “fouille illégale” menée vendredi par les forces nigérianes dans leur camp de base de Maiduguri (nord-est), dans un climat de mésentente croissante avec les organisations internationales opérant dans la région.
“Nous sommes extrêmement inquiets”, a expliqué à l’AFP Samantha Newport, dénonçant l’intrusion de membres des forces de sécurité dans la nuit de jeudi à vendredi dans le camp du Red Roof, où sont basés une grande partie des employés de l’ONU et des ONG internationales.
“Cela peut mettre en danger le travail que nous réalisons”, a poursuivi Mme Newport.
Selon un mémo interne de l’ONU obtenu par l’AFP, cette fouille fait suite à “des rumeurs qui se sont propagées hier (jeudi) sur les réseaux sociaux concernant la présence supposée d’Abubakar Shekau (le principal chef du groupe islamiste Boko Haram, NDLR) dans le camp”.
Le mémo invite les employés des Nations Unies et des organisations humanitaires à la prudence, prévenant que “cette rumeur pourrait conduire à des manifestations contre la présence de l’ONU et des ONG”.
L’armée nigériane, dans un communiqué publié vendredi, a confirmé l’envoi de militaires dans “une propriété qui a été ensuite indentifiée comme occupée par les Nations unies, bien que cette propriété ne porte aucun signe de l’ONU”.
Le Red Roof, situé près de l’aéroport, est un camp de base sécurisé composé d’une douzaine de containers transformés en dortoirs ainsi que d’un réfectoire. C’est le camp principal de l’organisation internationale dans l’Etat du Borno, d’où partent les missions humanitaires dans la région.
L’opération conduite “pour intensifier le cordon de recherche contre Boko Haram”, dont le Borno est le fief historique, a été un “succès”, a déclaré le porte-parole militaire, Kingsley Samuel, “mais l’armée n’a procédé à aucune arrestation car aucun suspect n’a été trouvé.”
– ‘Violation des lois internationales’ –
Une source anonyme au sein de l’ONU a estimé auprès de l’AFP que cette fouille, “une violation des lois internationales”, témoigne de la mésentente croissante des autorités nigérianes à l’égard de l’ONU et des ONG.
En juillet dernier à la suite d’une enquête, l’armée a accusé les organisations humanitaires de n’avoir pas donné leur position dans le camp de déplacés de Rann, dans l’extrême nord-est du Nigeria. Des avions militaires avaient bombardé le camp en janvier 2017, faisant plus de 100 morts et des centaines de blessés.
Bruno Jochum, le directeur général de Médecins sans Frontières, avaient aussitôt réagi, qualifiant ces accusations de “choquantes”. “Toutes les activités des ONG sont organisées en totale transparence avec l’armée”, avait-il déclaré.
Maiduguri, qui accueille à elle seule près d’un million de déplacés du conflit avec Boko Haram, est aujourd’hui relativement calme et sécurisée. La ville est devenue depuis 2016 la plaque tournante de l’humanitaire et le point de départ des missions menées dans le reste de l’Etat du Borno, encore peu accessible autrement que par hélicoptère.
La forte présence d’employés de l’ONU et d’humanitaires a engendré une importante augmentation des prix, notamment de l’immobilier, et par ricochet un grand ressentiment de la population locale.
D’autre part, “les relations entre l’armée nigérianes et les organisations internationales ont toujours été compliquées”, estime Yan St-Pierre consultant en contre-terrorisme pour MOSECON (Modern Security Consulting Group).
“L’armée et les services de renseignement se sentent menacés dans leur réputation par les organisations internationales, Amnesty Internatonal en tête, qui n’hésitent pas à critiquer leur travail et leur manière de gérer les conflits dans le pays”, poursuit l’expert.
“C’est perçu comme de l’ingérence dans les affaires de l’Etat”, note M. St Pierre. L’incident de cette nuit est selon lui, “une manière pour l’armée nigériane de montrer qui est le chef dans la région”.
Le conflit avec Boko Haram, qui a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés, a engendré l’une des plus graves crises humanitaires et alimentaires du continent africain. Selon l’ONU, près de deux millions de personnes souffrent de malnutrition aigüe et 6,9 millions ont besoin d’une assistance humanitaire dans le nord-est du Nigeria.
“Nous sommes extrêmement inquiets”, a expliqué à l’AFP Samantha Newport, dénonçant l’intrusion de membres des forces de sécurité dans la nuit de jeudi à vendredi dans le camp du Red Roof, où sont basés une grande partie des employés de l’ONU et des ONG internationales.
“Cela peut mettre en danger le travail que nous réalisons”, a poursuivi Mme Newport.
Selon un mémo interne de l’ONU obtenu par l’AFP, cette fouille fait suite à “des rumeurs qui se sont propagées hier (jeudi) sur les réseaux sociaux concernant la présence supposée d’Abubakar Shekau (le principal chef du groupe islamiste Boko Haram, NDLR) dans le camp”.
Le mémo invite les employés des Nations Unies et des organisations humanitaires à la prudence, prévenant que “cette rumeur pourrait conduire à des manifestations contre la présence de l’ONU et des ONG”.
L’armée nigériane, dans un communiqué publié vendredi, a confirmé l’envoi de militaires dans “une propriété qui a été ensuite indentifiée comme occupée par les Nations unies, bien que cette propriété ne porte aucun signe de l’ONU”.
Le Red Roof, situé près de l’aéroport, est un camp de base sécurisé composé d’une douzaine de containers transformés en dortoirs ainsi que d’un réfectoire. C’est le camp principal de l’organisation internationale dans l’Etat du Borno, d’où partent les missions humanitaires dans la région.
L’opération conduite “pour intensifier le cordon de recherche contre Boko Haram”, dont le Borno est le fief historique, a été un “succès”, a déclaré le porte-parole militaire, Kingsley Samuel, “mais l’armée n’a procédé à aucune arrestation car aucun suspect n’a été trouvé.”
– ‘Violation des lois internationales’ –
Une source anonyme au sein de l’ONU a estimé auprès de l’AFP que cette fouille, “une violation des lois internationales”, témoigne de la mésentente croissante des autorités nigérianes à l’égard de l’ONU et des ONG.
En juillet dernier à la suite d’une enquête, l’armée a accusé les organisations humanitaires de n’avoir pas donné leur position dans le camp de déplacés de Rann, dans l’extrême nord-est du Nigeria. Des avions militaires avaient bombardé le camp en janvier 2017, faisant plus de 100 morts et des centaines de blessés.
Bruno Jochum, le directeur général de Médecins sans Frontières, avaient aussitôt réagi, qualifiant ces accusations de “choquantes”. “Toutes les activités des ONG sont organisées en totale transparence avec l’armée”, avait-il déclaré.
Maiduguri, qui accueille à elle seule près d’un million de déplacés du conflit avec Boko Haram, est aujourd’hui relativement calme et sécurisée. La ville est devenue depuis 2016 la plaque tournante de l’humanitaire et le point de départ des missions menées dans le reste de l’Etat du Borno, encore peu accessible autrement que par hélicoptère.
La forte présence d’employés de l’ONU et d’humanitaires a engendré une importante augmentation des prix, notamment de l’immobilier, et par ricochet un grand ressentiment de la population locale.
D’autre part, “les relations entre l’armée nigérianes et les organisations internationales ont toujours été compliquées”, estime Yan St-Pierre consultant en contre-terrorisme pour MOSECON (Modern Security Consulting Group).
“L’armée et les services de renseignement se sentent menacés dans leur réputation par les organisations internationales, Amnesty Internatonal en tête, qui n’hésitent pas à critiquer leur travail et leur manière de gérer les conflits dans le pays”, poursuit l’expert.
“C’est perçu comme de l’ingérence dans les affaires de l’Etat”, note M. St Pierre. L’incident de cette nuit est selon lui, “une manière pour l’armée nigériane de montrer qui est le chef dans la région”.
Le conflit avec Boko Haram, qui a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés, a engendré l’une des plus graves crises humanitaires et alimentaires du continent africain. Selon l’ONU, près de deux millions de personnes souffrent de malnutrition aigüe et 6,9 millions ont besoin d’une assistance humanitaire dans le nord-est du Nigeria.