Kampala (AFP)
La condamnation pour terrorisme cette semaine en Ouganda de membres d’une secte musulmane a allongé la liste des affaires visant des musulmans du pays, signe selon les intéressés et certains observateurs d’un acharnement depuis un double attentat islamiste à Kampala en 2010.
La justice semblait dans un premier temps avoir blanchi 14 membres de la secte musulmane ultraconservatrice Tabligh, qui ne s’estime plus liée au plus large mouvement Tablighi Jamaat: lundi, la Haute Cour de Kampala les a acquittés de meurtres et tentatives de meurtre sur des dirigeants de deux groupes musulmans rivaux.
Mais dans la même affaire, elle a condamné mardi quatre d’entre eux, dont leur leader Sheikh Yunus Kamoga, à la réclusion à perpétuité pour terrorisme en raison de menaces de mort contre des rivaux. Deux autres membres ont été condamnés à 30 ans de prison.
« Je trouve cette décision très singulière parce que l’affaire principale concernait les meurtres, qui motivaient les accusations de terrorisme », a déclaré à l’AFP Ladislaus Rwakafuzi, avocat spécialiste des questions des droits de l’Homme. « S’ils ne sont pas coupables des meurtres, ils ne devraient pas être coupables de terrorisme ».
Dans un jugement dont la lecture a duré trois heures et demie, le juge Ezekiel Muhanguzi a estimé que les six condamnés avaient intimidé leurs rivaux en les menaçant dans des tracts et discours. « La Cour juge que des menaces de mort ont été proférées, par écrit ou à l’oral à l’aide d’enceintes sonores », a affirmé le juge Muhanguzi.
Les menaces « ont donc été proférées sans distinction » et équivalent à un acte de « terrorisme » envers l’ensemble de la communauté, a conclu le juge.
Plus que d’éventuelles contradictions, l’avocat de la défense Fred Muwema voit dans ce jugement sévère des motivations politiques. « Je n’ai pas de preuves directes (…) mais dans un pays comme celui-ci, il y a toujours des pressions et des interférences politiques ». « Je pense que l’Etat a voulu cibler la communauté Tabligh ».
Le porte-parole de la justice ougandaise, Solomon Muyita, rétorque que si la défense possède les preuves d’une ingérence politique, elle devrait les présenter devant la Cour.
– Peur d’attentats –
Les autorités ougandaises ont durci le ton face aux islamistes radicaux présumés depuis le double attentat de 2010, revendiqué par les islamistes somaliens shebab, qui avait fait 76 morts dans un bar et un restaurant de la capitale ougandaise, en pleine retransmission de la finale de la Coupe du monde de football.
Mais selon certains, de nombreux responsables musulmans font les frais de ce durcissement, et plusieurs d’entre eux ont déjà été tenus pour responsables de meurtres très médiatisés ces dernières années.
Ces affaires incluent les meurtres de neuf religieux musulmans depuis 2012, le meurtre en mars 2015 d’un procureur travaillant sur l’attentat de 2010, celui en novembre 2016 d’un officier de l’armée ayant auparavant fait défection d’un groupe islamiste ougandais en République démocratique du Congo voisine, ainsi que celui d’un haut responsable policier en mars.
Dans chacun des cas, les victimes ont été tuées par balle par des assassins se déplaçant en moto-taxi, et à chaque fois, ce sont des suspects musulmans qui ont été arrêtés. « On lorgne un peu plus du côté des musulmans », soutient M. Rwakafuzi, selon lequel les preuves de leur implication dans ces meurtres sont minces, au mieux.
« Nos mécanismes d’enquête sont médiocres et sous-financés, (accuser des musulmans) est donc une manière simple de montrer au public que quelque chose est fait pour ces meurtres », poursuit l’avocat spécialiste des droits de l’Homme, selon lequel l’imputation de ces crimes aux musulmans est « plus facile à croire » en raison de la peur d’attentats.
Contacté par l’AFP, le porte-parole du gouvernement Ofwono Opono a soutenu que « l’Ouganda est depuis longtemps reconnu pour ne mener aucune persécution politique, religieuse ou raciale ». « Le gouvernement ougandais n’a aucune raison de persécuter ces groupes de musulmans ».
La secte Tabligh, par l’intermédiaire de son porte-parole Siraje Nsambu, qualifie pourtant le jugement de « purement politique » et estime qu’il va renforcer le sentiment de marginalisation de la communauté musulmane. « Comme ailleurs dans le monde, on nous utilise comme boucs émissaires ».
La justice semblait dans un premier temps avoir blanchi 14 membres de la secte musulmane ultraconservatrice Tabligh, qui ne s’estime plus liée au plus large mouvement Tablighi Jamaat: lundi, la Haute Cour de Kampala les a acquittés de meurtres et tentatives de meurtre sur des dirigeants de deux groupes musulmans rivaux.
Mais dans la même affaire, elle a condamné mardi quatre d’entre eux, dont leur leader Sheikh Yunus Kamoga, à la réclusion à perpétuité pour terrorisme en raison de menaces de mort contre des rivaux. Deux autres membres ont été condamnés à 30 ans de prison.
« Je trouve cette décision très singulière parce que l’affaire principale concernait les meurtres, qui motivaient les accusations de terrorisme », a déclaré à l’AFP Ladislaus Rwakafuzi, avocat spécialiste des questions des droits de l’Homme. « S’ils ne sont pas coupables des meurtres, ils ne devraient pas être coupables de terrorisme ».
Dans un jugement dont la lecture a duré trois heures et demie, le juge Ezekiel Muhanguzi a estimé que les six condamnés avaient intimidé leurs rivaux en les menaçant dans des tracts et discours. « La Cour juge que des menaces de mort ont été proférées, par écrit ou à l’oral à l’aide d’enceintes sonores », a affirmé le juge Muhanguzi.
Les menaces « ont donc été proférées sans distinction » et équivalent à un acte de « terrorisme » envers l’ensemble de la communauté, a conclu le juge.
Plus que d’éventuelles contradictions, l’avocat de la défense Fred Muwema voit dans ce jugement sévère des motivations politiques. « Je n’ai pas de preuves directes (…) mais dans un pays comme celui-ci, il y a toujours des pressions et des interférences politiques ». « Je pense que l’Etat a voulu cibler la communauté Tabligh ».
Le porte-parole de la justice ougandaise, Solomon Muyita, rétorque que si la défense possède les preuves d’une ingérence politique, elle devrait les présenter devant la Cour.
– Peur d’attentats –
Les autorités ougandaises ont durci le ton face aux islamistes radicaux présumés depuis le double attentat de 2010, revendiqué par les islamistes somaliens shebab, qui avait fait 76 morts dans un bar et un restaurant de la capitale ougandaise, en pleine retransmission de la finale de la Coupe du monde de football.
Mais selon certains, de nombreux responsables musulmans font les frais de ce durcissement, et plusieurs d’entre eux ont déjà été tenus pour responsables de meurtres très médiatisés ces dernières années.
Ces affaires incluent les meurtres de neuf religieux musulmans depuis 2012, le meurtre en mars 2015 d’un procureur travaillant sur l’attentat de 2010, celui en novembre 2016 d’un officier de l’armée ayant auparavant fait défection d’un groupe islamiste ougandais en République démocratique du Congo voisine, ainsi que celui d’un haut responsable policier en mars.
Dans chacun des cas, les victimes ont été tuées par balle par des assassins se déplaçant en moto-taxi, et à chaque fois, ce sont des suspects musulmans qui ont été arrêtés. « On lorgne un peu plus du côté des musulmans », soutient M. Rwakafuzi, selon lequel les preuves de leur implication dans ces meurtres sont minces, au mieux.
« Nos mécanismes d’enquête sont médiocres et sous-financés, (accuser des musulmans) est donc une manière simple de montrer au public que quelque chose est fait pour ces meurtres », poursuit l’avocat spécialiste des droits de l’Homme, selon lequel l’imputation de ces crimes aux musulmans est « plus facile à croire » en raison de la peur d’attentats.
Contacté par l’AFP, le porte-parole du gouvernement Ofwono Opono a soutenu que « l’Ouganda est depuis longtemps reconnu pour ne mener aucune persécution politique, religieuse ou raciale ». « Le gouvernement ougandais n’a aucune raison de persécuter ces groupes de musulmans ».
La secte Tabligh, par l’intermédiaire de son porte-parole Siraje Nsambu, qualifie pourtant le jugement de « purement politique » et estime qu’il va renforcer le sentiment de marginalisation de la communauté musulmane. « Comme ailleurs dans le monde, on nous utilise comme boucs émissaires ».