Kinshasa, 8 mai 2017 (AFP)

Une organisation de défense de la presse a dénoncé lundi des “pressions” exercées par des autorités administratives sur les journalistes au Kasaï-central, région du centre de la République démocratique du Congo, secouée par une rébellion.
Journaliste en danger (JED) affirme notamment que le gouverneur intérimaire du Kasaï-central, Justin Milonga, “menace de tuer la femme et les enfants ” du journaliste Édouard Diyi, Directeur de la Radio Télévision Kasaï Horizons, une station locale.
Selon JED, M. Diyi a été “vigoureusement interpellé” par M. Milonga le 5 mai alors qu’il couvrait une manifestation au gouvernorat : “Nous nous battons jour et nuit pour mettre fin à la situation sécuritaire et toi, tu ne fais qu’envenimer la tension. Je pense qu’il faut que ta femme ou tes enfants meurent pour que tu comprennes”.
Pour JED, “cette menace est trop explicite et trop grave, dans une province en proie à l’insécurité et où les journalistes risquent chaque jour leur vie, pour ne pas être prise au sérieux”.
“C’est très grave comme accusation”, a réagi M. Milonga, interrogé par l’AFP, “je lui ai donné un conseil : tu dois modérer tes émissions en cette période” où la région est en ébullition.
“Ce n’était pas une menace(…) s’il veut obtenir un financement auprès de JED, il n’a qu’à raconter sa vie”, a-t-il ajouté, joint au téléphone de Kananga, capitale du Kasaï-central.
JED dénonce en outre l’interpellation de l’épouse d’un autre journaliste, Jérôme Mwana Nsthieyi, samedi à Mweka, cité située à 250 Km de Kananga. Elle a été détenue pendant 11 heures à la “résidence de l’administrateur du territoire, sommée de dire où se trouverait son mari” recherché par les forces de sécurité.
L’ONG demande aux autorité du Kasaï-central de “mettre fin à ces pressions”.
Depuis septembre 2016, le Kasaï-central et trois autres provinces voisines du centre de la RDC sont secouées par des violences impliquant miliciens, policiers et soldats.
Ces violences ont fait des centaines de morts et 1,27 millions de personnes déplacées, après le soulèvement de partisans de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août 2016 lors d’une opération militaire après s’être rebellé contre le pouvoir de Kinshasa.
Le Bureau humanitaire de l’ONU (Ocha) a indiqué lundi à Genève que 100.000 personnes avaient fui leur foyer la semaine dernière.
En RDC, les professionnels des médias sont “régulièrement arrêtés arbitrairement, tabassés, humiliés, leur matériel saisi” avait écrit la semaine dernière Amnesty international.
Le pays occupe la 154ème place (sur 180) au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2017.