Le Caire, 5 juil 2017 (AFP)

L’Arabie saoudite et ses alliés, engagés dans un bras de fer avec le Qatar, ont déploré à l’issu d’une réunion mercredi au Caire, la “réponse négative” de Doha à leurs conditions pour mettre fin à la crise et annoncé le maintien de leurs sanctions.
L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont rompu le 5 juin avec ce petit émirat riche en gaz qu’ils accusent de soutenir “le terrorisme” et d’entretenir des relations trop étroites avec l’Iran, grand rival de Ryad au Moyen-Orient.
Ils ont également imposé à Doha des sanctions économiques, l’Arabie saoudite fermant sa seule frontière terrestre.
Pour mettre fin à cette crise, les quatre pays ont adressé au Qatar une liste de 13 demandes, lui réclamant entre autres la fermeture d’une base militaire turque et de la télévision Al Jazeera, qu’ils jugent trop agressive, ainsi que la réduction des relations de Doha avec l’Iran.
Le Qatar, qui a rejeté les accusations de terrorisme, a répondu officiellement à ces exigences lundi dans un message au Koweït, qui joue le rôle de médiateur
A l’issue de leur réunion au Caire, les chefs de la diplomatie saoudienne, égyptienne, émiratie et bahreïnie ont exprimé dans un communiqué “leur regret face à la réponse négative du Qatar, qui fait preuve de négligence et de manque de sérieux (…) en ce qui concerne la révision de ses politiques et de ses pratiques”.
Cela “reflète un manque de compréhension de la gravité de la situation” de la part de Doha, a martelé le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri en conférence de presse.
“Il n’est plus possible de tolérer le rôle de saboteur que joue le Qatar” dans les conflits régionaux, a-t-il ajouté.
Il a dit que les quatre ministres avaient convenu de “tenir leur prochaine réunion à Manama”, capitale du Bahreïn, à une date non précisée.
– ‘Boycott maintenu’ –
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, a lui affirmé au Caire que les sanctions seraient maintenues et a prévenu que d’autres mesures pourraient suivre.
Le “boycott” de Doha va “se poursuivre” et “nous prendrons des mesures au moment approprié”, a-t-il dit.
Mercredi matin, le chef de la diplomatie du Qatar, Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, avait déclaré à Londres que son pays était prêt “à s’engager dans un processus de négociations, dans un cadre clair qui garantisse sa souveraineté”.
Il a toutefois dénoncé les sanctions contre Doha, qui représentent “une agression évidente et une insulte à tous les traités internationaux”.
Mardi, il avait jugé “irréaliste et irrecevable” la liste de 13 demandes. Cette liste “ne porte pas sur le terrorisme, elle appelle à mettre fin à la liberté d’expression”, avait-il dit.
Doha considère également que ses voisins tentent de porter atteinte à sa souveraineté dans sa politique étrangère.
– Appels au dialogue –
Dans un entretien avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le président américain Donald Trump a appelé mercredi à “des négociations constructives entre toutes les parties pour résoudre le différend” et “réitéré la nécessité pour tous les pays de respecter leurs engagements au sommet de Ryad pour arrêter le financement du terrorisme et discréditer l’idéologie extrémiste”.
Selon l’agence officielle koweïtienne KUNA, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a par ailleurs appelé mercredi l’émir du Koweït cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah pour l’assurer “du soutien des Etats-Unis dans ses efforts” de médiation entre ses voisins du Golfe.
Plusieurs pays ainsi que le Conseil de sécurité de l’ONU ont appelé au dialogue pour résoudre cette crise dans un Moyen-Orient déjà agité par de nombreux conflits.
Outre les sanctions imposées à Doha par Ryad, Abou Dhabi, Manama et Le Caire, l’Arabie saoudite a fermé la seule frontière terrestre du Qatar, contraignant ce pays à se tourner vers l’Iran et la Turquie pour ses besoins en produits alimentaires importés par voies aérienne ou maritime.
Soulignant les “risques économiques et financiers découlant du différend” qui a “peu de chances d’être résolu rapidement”, l’agence de notation Moody’s a confirmé la note de crédit du Qatar mais a abaissé sa perspective de “stable” à négative”.
Malgré ces sanctions, le Qatar, premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL), a annoncé son intention d’augmenter du tiers sa production de gaz, de 77 millions de tonnes à 100 millions de tonnes en 2014.
En cas de pression de l’Arabie saoudite et de ses alliés pour empêcher un partenariat avec des compagnies internationales dans ce secteur, le Qatar procédera seul à l’augmentation de la production, a assuré le patron de Qatar Petroleum.