Mogadiscio, 6 avr 2017 (AFP)

Au moins 19 personnes ont été tuées et plusieurs blessées jeudi par l’explosion d’une mine sur lequel a roulé le minibus dans lequel elles voyageaient, dans la région méridionale somalienne de Basse-Shabelle, a annoncé la police.
« Le nombre de personnes tuées dans l’explosion est désormais de 19, dont des femmes et des enfants », a déclaré Ibrahim Adam Najah, gouverneur de Basse-Shabelle, à la presse locale, en faisant également état de plusieurs blessés.
Ibrahim Isack, un responsable local de la police, avait auparavant indiqué à l’AFP que « le minibus transportait 21 personnes quand il a roulé sur la mine ».
« La mine a été posée par les terroristes », avait-il assuré, en référence aux insurgés islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda.
Parti de Bulomarer (160 km à l’ouest de Mogadiscio), le minibus se dirigeait vers Marka, ville portuaire à une trentaine de km de là, quand il a roulé sur la mine, à hauteur du village de Golweyn, à une dizaine de km de son point de départ.
Les shebab disputent âprement le contrôle de cette zone à l’embryon d’armée nationale somalienne, épaulée par la force de l’Union africaine (Amisom).
« J’ai vu les cadavres de plus de dix personnes, dont ceux de trois enfants et de sept femmes, leurs corps étaient pulvérisés par l’explosion », a témoigné Mohamed Abdulahi, habitant d’un village proche de l’explosion, contacté par l’AFP par téléphone.
Cette tragédie survient quelques heures à peine après que le nouveau président somalien Mohamed Abdullahi eut remplacé jeudi les chefs de l’armée, de la police et des services de renseignements et déclaré « l’état de guerre » aux shebab, au lendemain d’une énième attaque à la voiture piégée dans la capitale somalienne, qui a fait au moins 7 morts.
« J’annonce l’état de guerre dans le pays et appelle le public à soutenir l’armée nationale pour l’aider à combattre les terroristes », a déclaré à la presse le président, élu le 8 février, plus connu sous son surnom « Farmajo » et dont un des principaux défis est d’améliorer la situation sécuritaire de cet Etat défaillant.
« Nous n’attendrons pas que les éléments violents fassent exploser notre peuple, nous devons les attaquer et libérer les zones dans lesquelles ils sont stationnés », a affirmé le chef de l’Etat, vêtu d’un treillis militaire.
Comme l’avait déjà fait son prédécesseur, il a dans le même temps promis une amnistie aux « jeunes trompés » par les shebab qui quitteraient les rangs du mouvement sous 60 jours, faute de quoi « ils en subiront les conséquences ».
Les shebab, chassés depuis mi-2011 de Mogadiscio, puis progressivement de leurs principaux bastions du centre et du sud somaliens, contrôlent toujours de larges zones rurales, d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats suicide – parfois jusque dans la capitale somalienne.
Selon un bilan établi par l’AFP, environ 80 personnes ont péri dans des attentats à Mogadiscio depuis janvier.
Les shebab ont juré la perte du fragile gouvernement somalien, soutenu à bout de bras par la communauté internationale et qui peine à asseoir son autorité au-delà de Mogadiscio.
La Somalie est privée de réel Etat central depuis la chute en 1991 de l’autocrate Siad Barre, qui l’a plongée dans le chaos et livrée aux milices claniques, bandes criminelles et groupes islamistes.