Juba, 7 avr 2017 (AFP)

Plus de 6.000 personnes ont fui en quelques jours de terribles combats dans le sud du Soudan du Sud, les déplacés accusant les troupes gouvernementales d’avoir massacré des civils, a annoncé vendredi le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR).
Des combats entre forces gouvernementales et rebelles ont éclaté lundi dans la ville de Pajok, dans la région de l’Equateur, une partie du pays longtemps épargné par les violences mais qui est de plus en plus affectée depuis quelques mois.
Dans un communiqué, le HCR a indiqué que 6.000 Sud-soudanais avaient fui depuis lundi vers le district de Lamwo, dans le nord de l’Ouganda voisin, alors que de nombreux autres continuent à se cacher dans la savane pour échapper aux hommes armés.
« Les gens ayant fui la zone (…) affirment que la ville a été la cible d’une attaque aveugle des forces armées sud-soudanaises », explique le communiqué.
« Des réfugiés ont raconté à l’équipe du HCR à Lamwo de terrifiantes histoires de violences et d’abus à l’encontre de civils. Beaucoup ont vu des proches être tués or massacrés comme des animaux », a déclaré à l’AFP Rocco Nuri, un porte-parole du HCR en Ouganda.
« Les familles ont fui dans toutes les directions. Ceux qui ne pouvaient pas courir auraient été tués, ce qui inclut les personnes âgées et handicapées », a-t-il ajouté.
Un pasteur sud-soudanais qui a fui Pajok mercredi a raconté à l’AFP, sous couvert de l’anonymat, que les soldats étaient entrés dans la ville avec des tanks, « et soudain nous les avons vu tirer et on n’a rien pu faire d’autre que courir ».
Ce pasteur et l’évêque anglican de la région, Bernard Oringa, ont rapporté à l’AFP que 135 personnes auraient été tuées, mais ce chiffre n’a pas pu être vérifié de manière indépendante.
La Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) avait indiqué mercredi dans un communiqué avoir été empêchée à deux reprises d’accéder à Pajok.
« La Mission a reçu des informations sur des combats entre la SPLA (les troupes gouvernementales, ndlr) et l’opposition là-bas, et tente de confirmer les informations selon lesquelles des civils ont été tués dans la zone », avait-elle expliqué.
La Minuss avait enjoint le gouvernement de lui permettre d’entrer dans la ville « pour qu’elle puisse pleinement accomplir son mandat, qui inclut la protection des civils et informer sur les violations des droits de l’Homme ».
Le ministre sud-soudanais de l’Information, Michael Makuei, a confirmé à l’AFP que les troupes gouvernementales avaient attaqué lundi Pajok, une ville jusqu’ici tenue par les rebelles.
« Comme vous le savez, Pajok était dans les mains des rebelles, donc ce qui s’est passé c’est que les forces gouvernementales sont allées là-bas, des combats ont éclaté et la population civile qui était restée avec les rebelles a dû s’enfuir », a-t-il déclaré.
« Je ne connais pas le chiffre (du bilan des tués et blessés, ndlr), mais dans tout affrontement il y a des victimes », a-t-il ajouté.
L’Ouganda accueille 832.000 réfugiés sud-soudanais, dont 270.000 dans le camp de Bidibidi qui, depuis sa construction il y a huit mois, est devenu le plus grand camp de réfugiés au monde. Quelque 2.000 Sud-soudanais arrivent actuellement chaque jour en Ouganda.
Le Soudan du Sud, plus jeune Etat du monde, indépendant depuis juillet 2011, a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile dévastatrice, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et plus de trois millions de déplacés, et qui a provoqué une crise humanitaire catastrophique.