Paris (AFP)
Des fabricants de matériel d’irrigation aux techniciens de l’insémination bovine, l’agro-industrie mondiale espère une levée le 12 juillet de l’embargo commercial qui pèse sur le Soudan depuis 20 ans, afin de répondre aux besoins criants du pays.
Après la levée en janvier par Barack Obama d’une partie des sanctions économiques imposées depuis 1997 à Khartoum pour son soutien présumé à des groupes islamistes radicaux, l’administration Trump doit décider si elle maintient ou non les sanctions. La période probatoire de six mois annoncée par M. Obama s’achève mercredi.
Dans cette perspective, se tenait cette semaine à Paris, le premier « Forum d’affaires Soudan-France » portant exclusivement sur le domaine agricole et alimentaire, auquel l’AFP a eu accès.
Une dizaine d’entrepreneurs soudanais ont discrètement rencontré une trentaine de Français du secteur para-agricole, réunis par l’ambassade de France à Karthoum.
Depuis quelques mois, le pays, accusé d’exactions au Darfour (sud) et toujours inscrit sur la liste noire du terrorisme, a multiplié les rencontres avec des entreprises européennes afin de préparer le terrain à une éventuelle levée de l’embargo, indique-t-on de sources industrielles: en Allemagne en décembre, au Royaume-Uni en mars, et en Italie en mai.
« Nous espérons le 12 juillet conclure la dernière étape d’une levée des sanctions » a déclaré l’ambassadeur du Soudan en France, M. Daffa-Alla Elhag Ali Osman, aux patrons français mardi.
Il a souligné le potentiel du pays, où des groupes saoudiens et qataris viennent de lancer des projets de production de blé et luzerne ou de constructions de canaux d’irrigation à partir du Nil. Et ajouté que le Soudan « recherche de grandes sociétés » pour investir.
– Blocage des banques –
Côté français, la PME sarthoise 2iE, spécialisée dans les pivots et rampe d’irrigation, qui participait à la rencontre, espère bien en être. « Nous sommes une quinzaine de constructeurs dans le monde, et plus de la moitié prospectent au Soudan en ce moment », a dit à l’AFP Stanislas Gru, responsable commercial de 2iE.
Oui, mais. Certains patrons restent circonspects. Ceux qui sont déjà implantés font valoir le « cauchemar » que représentent les échanges depuis l’embargo, qui ne touche pourtant pas le secteur alimentaire.
La raison en est l’amende de 8,9 milliards de dollars infligée à BNP Paribas par les Etats-Unis en 2014 pour avoir travaillé en dollars dans différents pays soumis à des embargos, dont le Soudan. Depuis, beaucoup d’établissements « surtransposent » les sanctions, et interdisent tout transfert de fonds, même en euros, souligne une source diplomatique.
« Sans explication, une grande banque française a bloqué cette semaine le paiement d’un client soudanais pour l’achat de plants de bananiers », se plaint un homme d’affaires qui requiert l’anonymat.
« C’est psychologique, dès que la banque voit le mot +Soudan+, elle bloque sans chercher à comprendre » ajoute un autre. « Un de mes clients qui n’avait rien à voir avec le Soudan s’est vu refuser un virement, car il avait le malheur d’habiter +rue du Soudan+ », sourit-il.
Pendant les sanctions, le Soudan a pourtant pu continuer d’exporter sans problème aux Etats-Unis la gomme arabique dont il est le premier producteur mondial: Cette résine d’acacia est un ingrédient-clé des sodas.
La gomme arabique est devenue stratégique pour le Soudan depuis la sécession du sud du pays en 2011 qui l’a privé des trois quarts de ses ressources pétrolières, souligne une étude de 2016 de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement.
Les besoins agricoles du Soudan sont énormes
« Nous voulons importer 22.000 vaches pour les besoins des éleveurs locaux » et la production de lait. « Nous avons commencé à importer des Holstein (laitières, NDLR) des Etats-Unis et nous aimerions aussi importer 5.000 vaches françaises de race Aubrac », a déclaré à l’AFP Ahmed Gamel Dawoud, directeur adjoint de Zadna, société nationale pour le développement de la production animale et horticole.
« Je pense qu’on peut dépasser le problème bancaire, car l’alimentation est exclue » de l’embargo, ajoute M. Dawoud, en affirmant que son groupe a déjà des relations commerciales avec « une dizaine » de groupes américains, dont Zimmatic (irrigation) ou FiveG (insémination du bétail).
Pour Anthony Haggar, PDG du groupe Haggar, les besoins portent sur « tout ce qui peut augmenter la valeur ajoutée, stockage, réfrigération, infrastructures et formations techniques ».
Après la levée en janvier par Barack Obama d’une partie des sanctions économiques imposées depuis 1997 à Khartoum pour son soutien présumé à des groupes islamistes radicaux, l’administration Trump doit décider si elle maintient ou non les sanctions. La période probatoire de six mois annoncée par M. Obama s’achève mercredi.
Dans cette perspective, se tenait cette semaine à Paris, le premier « Forum d’affaires Soudan-France » portant exclusivement sur le domaine agricole et alimentaire, auquel l’AFP a eu accès.
Une dizaine d’entrepreneurs soudanais ont discrètement rencontré une trentaine de Français du secteur para-agricole, réunis par l’ambassade de France à Karthoum.
Depuis quelques mois, le pays, accusé d’exactions au Darfour (sud) et toujours inscrit sur la liste noire du terrorisme, a multiplié les rencontres avec des entreprises européennes afin de préparer le terrain à une éventuelle levée de l’embargo, indique-t-on de sources industrielles: en Allemagne en décembre, au Royaume-Uni en mars, et en Italie en mai.
« Nous espérons le 12 juillet conclure la dernière étape d’une levée des sanctions » a déclaré l’ambassadeur du Soudan en France, M. Daffa-Alla Elhag Ali Osman, aux patrons français mardi.
Il a souligné le potentiel du pays, où des groupes saoudiens et qataris viennent de lancer des projets de production de blé et luzerne ou de constructions de canaux d’irrigation à partir du Nil. Et ajouté que le Soudan « recherche de grandes sociétés » pour investir.
– Blocage des banques –
Côté français, la PME sarthoise 2iE, spécialisée dans les pivots et rampe d’irrigation, qui participait à la rencontre, espère bien en être. « Nous sommes une quinzaine de constructeurs dans le monde, et plus de la moitié prospectent au Soudan en ce moment », a dit à l’AFP Stanislas Gru, responsable commercial de 2iE.
Oui, mais. Certains patrons restent circonspects. Ceux qui sont déjà implantés font valoir le « cauchemar » que représentent les échanges depuis l’embargo, qui ne touche pourtant pas le secteur alimentaire.
La raison en est l’amende de 8,9 milliards de dollars infligée à BNP Paribas par les Etats-Unis en 2014 pour avoir travaillé en dollars dans différents pays soumis à des embargos, dont le Soudan. Depuis, beaucoup d’établissements « surtransposent » les sanctions, et interdisent tout transfert de fonds, même en euros, souligne une source diplomatique.
« Sans explication, une grande banque française a bloqué cette semaine le paiement d’un client soudanais pour l’achat de plants de bananiers », se plaint un homme d’affaires qui requiert l’anonymat.
« C’est psychologique, dès que la banque voit le mot +Soudan+, elle bloque sans chercher à comprendre » ajoute un autre. « Un de mes clients qui n’avait rien à voir avec le Soudan s’est vu refuser un virement, car il avait le malheur d’habiter +rue du Soudan+ », sourit-il.
Pendant les sanctions, le Soudan a pourtant pu continuer d’exporter sans problème aux Etats-Unis la gomme arabique dont il est le premier producteur mondial: Cette résine d’acacia est un ingrédient-clé des sodas.
La gomme arabique est devenue stratégique pour le Soudan depuis la sécession du sud du pays en 2011 qui l’a privé des trois quarts de ses ressources pétrolières, souligne une étude de 2016 de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement.
Les besoins agricoles du Soudan sont énormes
« Nous voulons importer 22.000 vaches pour les besoins des éleveurs locaux » et la production de lait. « Nous avons commencé à importer des Holstein (laitières, NDLR) des Etats-Unis et nous aimerions aussi importer 5.000 vaches françaises de race Aubrac », a déclaré à l’AFP Ahmed Gamel Dawoud, directeur adjoint de Zadna, société nationale pour le développement de la production animale et horticole.
« Je pense qu’on peut dépasser le problème bancaire, car l’alimentation est exclue » de l’embargo, ajoute M. Dawoud, en affirmant que son groupe a déjà des relations commerciales avec « une dizaine » de groupes américains, dont Zimmatic (irrigation) ou FiveG (insémination du bétail).
Pour Anthony Haggar, PDG du groupe Haggar, les besoins portent sur « tout ce qui peut augmenter la valeur ajoutée, stockage, réfrigération, infrastructures et formations techniques ».