Washington, 6 oct 2017 (AFP)

Les Etats-Unis ont décidé vendredi de formellement renoncer à un embargo économique vieux de 20 ans contre le Soudan, déjà levé de manière temporaire par l’ancien président Barack Obama avant de quitter la Maison Blanche.
“Les actions du gouvernement du Soudan au cours des neuf derniers mois montrent qu’il prend au sérieux la coopération avec les Etats-Unis”, s’est félicité la porte-parole du département d’Etat, Heather Nauert.
En janvier, Barack Obama avait levé une partie des sanctions américaines contre le Soudan pour une période probatoire de six mois. Khartoum s’était engagé en retour sur une feuille de route en “cinq points”, parmi lesquels la fin du soutien aux groupes rebelles au Soudan du Sud, la fin des hostilités dans les provinces du Darfour, du Nil-Bleu et du Kordofan-Sud et une coopération avec le renseignement américain contre le terrorisme.
A la fin de cette période probatoire, en juillet, le président Donald Trump s’était donné trois mois supplémentaires pour décider de lever ou non de manière permanente cet embargo.
Le Soudan demeure toutefois sur la liste américaine des “sponsors du terrorisme” et fait toujours l’objet de certains sanctions, notamment sur les armes.
“Lever les sanctions de manière permanente envoie le mauvais message alors que le Soudan a fait très peu de progrès en matière de droits humains (…) Un tel gouvernement ne devrait pas être récompensé”, a estimé Andrea Prasow de l’organisation Human Rights Watch à Washington, qui rappelle que le président soudanais Omar el-Béchir fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et génocide.
Magnus Taylor, analyste pour l’International Crisis Group estime au contraire que cette levée de l’embargo constitue un moyen “efficace” de gagner la coopération du Soudan.
“Si les Etats-Unis sont intelligents ils utiliseront cet élan dans les relations avec le Soudan pour pousser à des progrès supplémentaires dans la conduite de gouvernement soudanais”, a-t-il expliqué à l’AFP.
Les Etats-Unis ont imposé des sanctions au Soudan en 1997 pour son soutien présumé à des groupes islamistes. Le fondateur d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden a vécu à Khartoum entre 1992 et 1996.
Au fil des ans, les administrations américaines successives ont renforcé ces restrictions, accusant Khartoum de violations des droits de l’Homme, notamment dans le conflit meurtrier contre des rebelles au Darfour qui a fait 330.000 depuis 2003, selon l’ONU.