Nairobi, 5 juil 2017 (AFP)

Une députée tanzanienne d’opposition a été arrêtée à son domicile à Dar es Salaam et devrait comparaître jeudi pour répondre d’allégations d’insulte contre le chef de l’Etat John Magufuli, a-t-on appris mercredi auprès de son parti.
Les propos exacts pour lesquels est poursuivie la députée Halima Mdee, 39 ans, réputée pour son franc-parler, ne sont pas connus.
Lundi, celle qui est également présidente de l’Union des femmes du Chadema, le principal parti de l’opposition, avait critiqué la position du président Magufuli selon laquelle les écolières tombant enceintes ne doivent pas être autorisées à poursuivre leur scolarité dans les écoles publiques. S’exprimant lors d’une conférence de presse, elle a qualifié le président tanzanien de « problème ».
« Elle a été arrêtée hier (mardi), on l’accuse d’insulte contre le président Magufuli », a déclaré à l’AFP Said Kubenea, un autre député du Chadema. « Elle n’a pas encore été présentée devant un juge, ça devrait être fait demain (jeudi) ».
« Tout cela fait partie d’une campagne qui ne vise qu’à faire taire toute critique », a ajouté M. Kubenea, qui est par ailleurs propriétaire d’un groupe de presse critique envers le pouvoir.
Le président John Magufuli avait été vertement critiqué fin juin par des organisations de défense des droits des femmes pour sa prise de position concernant les écolières tombant enceintes. Ces organisations avaient qualifié ses propos de « répugnants » et « inacceptables ».
Mardi, alors qu’il inaugurait un projet hydraulique à Sengerema (nord), M. Magufuli a réitéré cette position, promettant de licencier tout responsable d’une école publique qui admettrait dans son établissement des adolescentes ayant déjà été mères.
La députée Halima Mdee est suspendue depuis juin de participation aux débats à l’Assemblée nationale, après une session parlementaire particulièrement animée lors de laquelle plusieurs députés de l’opposition ont été sortis de force de l’hémicycle sur demande du président de l’Assemblée Job Ndugai. Certains d’entre eux lui avaient alors suggéré ironiquement de réviser la Constitution pour que le pays revienne au monopartisme.
Le Chadema a attaqué en justice cette mesure de suspension d’une durée de six mois, qui vise également une autre députée du parti.
Surnommé « tingatinga » – « bulldozer » en swahili – le président Magufuli a marqué les esprits depuis sa prise de fonctions fin 2015 en se montrant inflexible dans la lutte contre la corruption. Mais son style peu consensuel et même abrupt lui vaut d’être désormais qualifié d’autocrate et de populiste par ses détracteurs alors que la liberté d’expression est de plus en plus réduite dans le pays.