Tunis, 2 mai 2017 (AFP)

Un collectif d’ONG tunisiennes et internationales a mis en garde mardi contre un recul de la liberté de la presse et de la liberté d’expression dans l’unique pays rescapé du Printemps arabe, six ans après la chute de la dictature.
“Le gouvernement tunisien n’a eu de cesse ces dernières semaines de resserrer l’étau sur la presse”, affirment ces 25 associations dans un communiqué, publié notamment à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, mercredi.
Au titre de leur argumentaire, ces ONG, dont Reporters sans frontières (RSF) et le Syndicat des journalistes tunisiens (SNJT), citent le retard dans la “mise en oeuvre de la loi sur l’accès à l’information” ou encore la “nouvelle campagne de diffamation” de certains médias et partis contre la Haica, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle.
A ce sujet, elles se disent “profondément préoccupées” par un projet de loi gouvernemental prévoyant la création d’une “Instance de régulation de la communication audiovisuelle” (ICA) limitée dans ses “prérogatives” et son “indépendance”.
Le collectif déplore également la récente saisie d’une petite parution hebdomadaire, à la faveur de l’état d’urgence en vigueur dans le pays depuis plus d’un an et demi. “C’est la première fois depuis la chute de la dictature (…) qu’un journal est interdit de la sorte”, s’inquiètent ces ONG.
Interrogé par l’AFP lors de cette saisie, le président du SNJT, Néjib Bghouri, avait en outre dénoncé de récentes nominations “d’anciens du RCD (le Rassemblement constitutionnel démocratique, ex-parti de Zine el Abidine Ben Ali) à des postes de responsabilité au sein des médias publics”, “sans appel à candidatures, compétence ou projet”.
“Il n’y a qu’une explication, c’est la volonté d’imposer leur volonté (…) sur le contenu de ces médias”, avait-il avancé.
Les médias tunisiens étaient totalement muselés sous le régime de Ben Ali, balayé début 2011 par un soulèvement populaire dont le principal acquis est, de l’avis général, une liberté d’expression sans précédent dans le pays.
La Tunisie est ainsi le premier pays d’Afrique du Nord dans le dernier classement de RSF sur la liberté de la presse (97e). Si elle fait bien mieux que ses voisins maghrébins, elle a toutefois perdu une place par rapport à l’an dernier.