Tataouine (Tunisie), 4 avr 2017 (AFP)

Des ministres tunisiens se sont rendus mardi à Tataouine, dans le sud du pays, afin de tenter d’élaborer « une feuille de route » pour cette région défavorisée, après plusieurs jours de manifestations pour l’emploi et le développement.
Selon des médias tunisiens, des habitants de la ville protestent depuis plusieurs jours contre la « marginalisation » de leur région. Des routes ont été coupées et des camions de sociétés pétrolières bloqués.
Pour tenter d’apaiser la tension, une délégation comprenant notamment le ministre des Affaires sociales Mohamed Trabelsi et le porte-parole du gouvernement Iyed Dahmani a tenu mardi une réunion sur place avec des représentants des manifestants, selon un correspondant de l’AFP.
Cette rencontre, qui a duré plusieurs heures, s’est déroulée dans une salle de la préfecture de Tataouine, ville située à environ 500 km au sud de Tunis. Pendant ce temps, devant le bâtiment, des dizaines de jeunes ont brandi des banderoles réclamant le respect de leurs « droits ». Aucun incident n’a été signalé.
Le gouvernement a envoyé une délégation à Tataouine « pour voir ce que l’on peut faire immédiatement » et « déterminer les priorités » en matière d’emploi, de croissance et d’infrastructures, a dit Mohamed Trabelsi à Radio Tataouine.
Le ministre a reconnu « la marginalisation de ce gouvernorat, malgré ses richesses, pendant des décennies », et dit comprendre « la colère » des habitants.
Le porte-parole du gouvernement a lui aussi dit « comprendre les protestations des jeunes ».
– ‘Pas un dinar’ –
Mais « la solution à ces problèmes est progressive » et doit se faire « par le dialogue », a plaidé Iyed Dahmani. « Il faut que l’on s’assoie ensemble et que l’on voie les priorités. Aucun Etat ne peut tout faire en même temps ».
D’après la radio privée Mosaïque FM, M. Dahmani a également pris l’engagement d’une plus grande « transparence » dans le recrutement des compagnies pétrolières opérant dans la zone.
Membre d’une association pour le développement de Tataouine, Fathi Bouchebech, a toutefois souligné que la population était lasse des promesses sans lendemain.
« Les gens ont déjà été écoutés. (…). Si on avait mis en oeuvre les décisions (des gouvernements successifs), nous n’en serions pas là aujourd’hui », a-t-il affirmé à l’AFP.
Interrogé par une télévision locale, un jeune protestataire a de son côté fait valoir que les manifestants n’étaient « avec aucun parti » politique.
« Il y a des jeunes qui n’ont pas un dinar en poche. Je suis chômeur, je n’ai rien, nous n’avons pas de quoi nous marier, nous voulons juste travailler », a-t-il clamé.
Six ans après la révolution, les inégalités régionales restent un puissant facteur d’instabilité en Tunisie, avec des infrastructures défaillantes et des taux de pauvreté et de chômage supérieurs dans l’intérieur du pays.
L’an dernier, l’unique pays rescapé du Printemps arabe a connu sa plus importante contestation sociale depuis 2011 après la mort d’un jeune lors d’une manifestation pour l’emploi à Kasserine (centre).