Kananga (RD Congo), 16 août 2017 (AFP)

La police congolaise a présenté mercredi aux autorités du Kasaï un chef coutumier accusé d’avoir participé à la décapitation de l’épouse d’une autorité locale dans cette région troublée du centre de la République démocratique du Congo.
Assis sur le sol, pieds nus, menotté, Sébastien Tshibuyi Kabata a été remis aux autorités judiciaires militaires de Kananga, en présence de centaines de personnes, a constaté un correspondant de l’AFP.
Âgé de 53 ans, Sébastien Tshibuyi Kabata est un ancien chef coutumier accusé d’avoir décapité l’épouse de l’administrateur du territoire de Luebo dans le Kasaï et incendié l’évêché du diocèse catholique de Luebo en mars 2017.
L’image de la décapitation avait alors été largement partagée dans les réseaux sociaux, provoquant une réprobation générale en RDC.
Les autorités du Kasaï accusent également Tshibuyi Kabata et sa milice d’avoir détruit plusieurs autres infrastructures dont le bureau de la commission chargée d’organiser les élections en RDC.
« J’étais présent le 12 mars 2017 lorsque l’évêché de Luebo a été incendié. C’est le même jour que l’épouse de l’administrateur a été décapitée mais je n’avais pas donné l’ordre qu’on la décapite », a déclaré Sébastien Tshibuyi Kabata.
Des dizaines des femmes présentes à cette cérémonie scandaient en Tshiluba (langue locale) des slogans hostiles à Sébastien Tshibuyi : « assassin », « qu’on le condamne! ».
« Le jour de son arrestation, Tshibuyi Kabata était en train de recruter des jeunes (…) pour une attaque » contre les institutions locales, a accusé Joachim Likaka, administrateur du territoire de Demba au Kasaï-central.
La région du Kasaï a basculé dans les violences depuis une année. Ces atrocités qui impliquent des miliciens, des soldats et des policiers, ont débuté en septembre 2016, un mois après la mort de Jean-Pierre Mpandi, chef tribal connu sous le nom de Kamwina Nsapu, tué dans une opération militaire, qui avait ouvertement remis en cause le pouvoir de Kinshasa.
Les violences au Kasaï ont causé la mort de plus de 3.000 personnes, d’après un décompte de l’Église catholique et environ 1,4 million personnes ont fui leurs foyers dans cette région, selon l’ONU.