Lusaka, 10 juil 2017 (AFP)

Le principal parti d’opposition zambien a accusé lundi le président Edgar Lungu de « tuer la démocratie » après avoir invoqué la semaine dernière « l’état d’urgence ».
M. Lungu a donné à la police des pouvoirs accrus à la suite d’une série d’incendies criminels. Le Parlement, où le parti présidentiel du Front patriotique (PF) dispose de la majorité, doit cette semaine formellement approuver cette mesure d’exception.
La décision du chef de l’Etat « constitue un abus de pouvoir destiné à faire taire les critiques et tuer la démocratie », a estimé Geoffrey Mwamba, le vice-président du Parti uni pour le développement national (UPND, opposition).
« Il est évident que son action (…) vise à renforcer la dictature », a-t-il affirmé dans un communiqué.
M. Mwamba a aussi nié toute implication de son parti dans les récents incendies, dont celui qui a ravagé le principal marché de Lusaka la semaine dernière.
Il est « choquant que Lungu accuse l’opposition d’être derrière ces incendies criminels, affirmant qu’ils sont destinés à le contraindre (…) à former un gouvernement d’union nationale », a estimé M. Mwamba.
La Zambie, petit pays d’Afrique australe, a connu une relative stabilité jusqu’aux élections d’août 2016, marquées par plusieurs incidents violents entre partisans politiques rivaux.
M. Lungu a remporté de justesse ce scrutin, devançant le chef de l’UPND, Hakainde Hichilema, de seulement 100.000 voix.
Ce dernier est détenu depuis avril pour avoir tenté d’entraver le passage du convoi présidentiel. Il est poursuivi pour trahison, un crime passible de la peine de mort.
M. Mwamba a demandé lundi « sa libération rapide », estimant que « des Zambiens innocents seront arrêtés simplement parce que des soupçons pèsent sur eux ». Le PF cherche « à rester au pouvoir à tout jamais », a estimé le numéro 2 de l’opposition.
Des responsables religieux ont aussi dénoncé l’attitude du président Lungu.
« Le pays glisse vers la dictature. Simplement à cause d’un incendie sur un marché on déclare l’état d’urgence ? Non, je vous en prie », a réagi à l’AFP l’évêque Simon Chihana, président de l’association internationale des églises chrétiennes.
« Pourquoi s’être précipité à invoquer l’état d’urgence avant même que les enquêtes (sur les incendies) soient conclues ? », s’est-il encore interrogé, estimant que le président Lungu « pensait uniquement à son emprise continue sur le pouvoir » et non pas au « bien-être de la Zambie ».